Obésité, cannabis, sédentarité : tous les étudiants en santé vont désormais faire de la prévention sur certains comportements à risque. Les ministres de la Santé et de l’Enseignement supérieur, Agnès Buzyn et Frédérique Vidal, ont présenté lundi le "service sanitaire", rendu obligatoire dans les cursus médicaux et qui rentrera en vigueur dès la rentrée 2018. "Une première en Europe", s’est félicité l’exécutif.
Le service sanitaire, c’est quoi ?
Promesse de campagne d’Emmanuel Macron, le service sanitaire est un ensemble d’actions de prévention réalisées par les étudiants inscrits en filières de santé, et organisées notamment dans les collèges, lycées et universités, afin de "promouvoir les comportements favorables à la santé", selon l’exécutif. L’idée est d’apprendre aux enfants, lors de cours ou d’ateliers, les bienfaits d’une alimentation équilibrée et de l’activité physique, faire de la prévention chez les adolescents sur les addictions comme le tabac et l’alcool, ou encore parler sexualité et contraception aux étudiants. La ministre de la Santé Agnès Buzyn a indiqué lundi que ces quatre thèmes retenus sont prioritaires, mais d’autres suivront plus tard.
Pourquoi miser sur la prévention ?
Un jeune sur quatre qui fume quotidiennement, l’obésité qui touche 3,5 % des enfants, 80% d'adultes qui passent une grande partie de leur journée assis… "La fréquence des comportements à risque reste élevée en France", particulièrement "chez les jeunes et parmi les publics les plus fragiles socialement", ont relevé les deux ministres lundi. Ainsi, le gouvernement mise sur la prévention pour tenter de lutter contre la morbidité évitable, mais aussi pour réduire les coûts qu’ils génèrent pour l’État : 20,4 milliards d'euros pour l'obésité, 15 milliards pour l'alcool et 26,6 milliards pour le tabac. Si l’exécutif a fait de la prévention une "stratégie nationale de santé", selon les mots d’Agnès Buzyn, il assure que le service sanitaire n'aura pas vocation à "se substituer" aux actions des associations.
Où auront lieu les missions ?
Dans un premier temps, le service sanitaire se fera auprès des élèves dans les collèges, les lycées et les universités. Mais le service sanitaire a également vocation à se déployer dans les Ehpad, les prisons, les structures médico-sociales, les entreprises publiques et privées… "Nous avons demandé aux Agences régionales de santé et aux recteurs d’académie de recenser les lieux de stage. Les offres ne manqueront pas et nous avons besoin de prévention partout", a expliqué Frédérique Vidal.
En outre, l’idée du service sanitaire est de lutter contre les déserts médicaux, où les populations bénéficient moins de prévention. Les étudiants "vont sortir des villes, aller dans les territoires ruraux. Nous veillerons à une bonne répartition territoriale", a assuré la ministre de l’Enseignement supérieur. Ainsi, les étudiants pourront être amenés à réaliser leur service sanitaire loin de leur lieu d’études.
Qui est concerné par le service sanitaire ?
Tous les étudiants inscrits dans une filière médicale - futurs médecins, sages-femmes, infirmiers, pharmaciens, dentistes, kinésithérapeutes, etc. - vont devoir accomplir leur service sanitaire. Ainsi, quelque 47.000 étudiants seront concernés dès la rentrée 2018. L’année prochaine, le dispositif sera étendu à l’ensemble des filières en santé, comme l’ergothérapie ou l’orthophonie, ce qui portera à 50.000 le nombre d’étudiants concernés. L’obtention du diplôme sera conditionnée à l’accomplissement de ce service obligatoire.
Le service sanitaire sera d’une durée équivalente à trois mois à mi-temps, à faire de manière continue ou non (six semaines à temps plein ou 60 demi-journées), sans rallonger la durée des études. Mais pour s’adapter aux emplois du temps des étudiants, le service sanitaire pourra par exemple se faire sur un ou deux ans. D’après L’Etudiant, le service national se fera en deuxième année pour les infirmiers, en quatrième année pour l’odontologie, en cinquième année pour les pharmaciens, et en troisième année pour les médecins.
Combien va coûter le dispositif ?
Les étudiants ne seront pas rémunérés pour ce nouveau module obligatoire dans leurs études. Mais la ministre de la Santé l’a promis : "Cela ne coûtera rien aux étudiants." Ainsi, si les missions de prévention ont lieu loin du domicile de l’étudiant, les frais de transports seront pris en charge. Dans un rapport du comité de pilotage de la réforme, le coût d’une telle mesure est estimé à 6,75 millions d’euros, si on respecte l’idée d’effectuer le service sanitaire jusque dans les endroits les plus reculés de l’Hexagone. Seul financement précisé par l’exécutif : une dotation de 400.000 euros pour mettre en place un "dispositif d’évaluation embarqué", qui sera chargé de faire un bilan sur ce tout nouveau service sanitaire.