«Je ne veux pas crever de ma passion» : témoignage d'un agriculteur endetté

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Lionel Gougelot / Crédits photo : MATHILDE CYBULSKI / HANS LUCAS / HANS LUCAS VIA AFP

Les blocages des agriculteurs se multiplient et s'étendent aux quatre coins du pays ce jeudi. Parmi eux, des exploitants au bord de la ruine. Obligés d'investir dans leurs exploitations, notamment pour répondre à des exigences réglementaires et environnementales mais aussi pour moderniser leurs exploitations, certains s'endettent et ne parviennent pas à se dégager un salaire.

L'exécutif est plus que jamais sous pression. Selon les informations d'Europe 1, face à la fronde des agriculteurs , Gabriel Attal annoncera une première série de mesures vendredi , à l'occasion d'un déplacement sur le terrain. Mais avant cela, le Premier ministre recevra ce jeudi à Matignon les ministres de l'Agriculture, de la Transition écologique et de l'Économie.

Mercredi soir, la FNSEA , syndicat majoritaire, a présenté ses doléances. Une soixantaine de propositions, de la réduction des normes au versement d'une aide financière d'urgence. Car certains exploitants sont au bord de la ruine, comme en témoigne cet agriculteur de Saint-Omer. À 33 ans, Alexis Mequignon ne s'en sort tout simplement plus. 

"Ça fait trois ans et demi que je suis installé et je ne me suis toujours pas tiré de salaire"

En reprenant l'exploitation familiale de vaches laitières et en créant un élevage de volailles Label Rouge, Alexis a investi 400.000 euros et il rembourse 20.000 euros par an. "Je rembourse ce qu'il y a sur l'exploitation et il y a toujours de l'investissement à faire, du matériel à changer. On se dit toujours que c'est bon, que ça va aller et finalement, au bout du compte, une machine lâche et il faut la changer. C'est un engrenage. Ça fait trois ans et demi que je suis installé et je ne me suis toujours pas tiré de salaire", souffle-t-il.

"On ne fait que rembourser, rembourser, rembourser"

Alexis ne se verse pas de salaire et a surtout l'impression d'être pris dans une véritable spirale. "Le bâtiment a été fait, on rembourse. Les heures de boulot, on ne les compte pas, le salaire, on ne le prend pas donc pour l'instant, on rembourse et c'est tout. On ne fait que rembourser, rembourser, rembourser", poursuit-il.

Des heures de travail hebdomadaires sans garantie d'avenir, faute de pouvoir compter sur des revenus suffisants. "Ce qui se passe aujourd'hui, c'est qu'on n'a pas de perspectives. On ne sait pas dans quoi se projeter, on ne sait pas ce que les prix vont donner demain. On ne voit pas clair pour l'avenir. D'ici à un an, je ne peux pas vous dire si l'exploitation va toujours continuer. On n'en sait rien. Qui aujourd'hui se lève tous les jours pour travailler et ne rien gagner ?", interroge-t-il. Alexis a rejoint le mouvement de protestation des agriculteurs pour, dit-il, "ne pas crever de ma passion".