Salah Abdeslam a passé sa première nuit en prison, de samedi à dimanche, à l'isolement, dans un établissement de très haute sécurité de Bruges. S'il a commencé à se confier aux enquêteurs belges samedi, le suspect n°1 dans les attentats de Paris refuse toutefois d'être remis aux autorités françaises. Pour Salah Abdeslam, il s'agit donc de "collaborer", mais sans se livrer. Derrière ce double jeu, on devine la stratégie mise en place par son avocat, Maître Sven Mary, spécialiste de l'indéfendable.
Une attaque au vitriol. A peine investi du dossier, Maître Sven Mary a attaqué au vitriol les autorités françaises. Il a d'abord fait savoir que son client refusait, tout net, son extradition. Et, à la presse belge, cet avocat flamand parfaitement bilingue a lâché cette phrase : "Il faut s'arrêter de s'agenouiller devant la France dès qu'elle claque des doigts". Sven Mary dénonce la posture de culpabilité de la Belgique vis-à-vis de la France depuis les attentats du 13 novembre.
Des clients très particuliers. Défendre tout ce qui sent le souffre en rajoutant de l'huile sur le feu, c'est la méthode et la signature du pénaliste bruxellois Sven Mary, avocat de 43 ans au crâne rasé et au poids plume. Il a défendu des individus comme l'homme à tout faire de Marc Dutroux, auteur de meurtres et de viols sur des enfants et des jeunes adolescentes, ou encore Fouad Belkacem, l'islamiste qui voulait renverser la couronne belge pour instaurer la charia à Bruxelles.
L'avocat des crapules. Pour autant, Sven Mary n'est pas un expert en terrorisme, son surnom "d'avocat des crapules" témoigne plutôt d'une expérience dans le grand banditisme. Mais en janvier dernier, alors que Salah Abdeslam demeurait introuvable, il s'était porté volontaire pour prendre la défense de l'ennemi public numéro 1. Depuis l'arrestation de son client, il le répète aux médias : il s'agit du "dossier de sa vie".