Cent millions de téléphones portables usagés dorment dans les tiroirs des Français : un rapport sénatorial a appelé jeudi à développer la collecte de ce "produit phare de la société de consommation" pour le recycler ou le réemployer. Environ 24 millions de portables sont vendus dans l'Hexagone chaque année.
Seulement 15% des téléphones récoltés. "La collecte des téléphones portables usagés (...) reste largement insuffisante par rapport au gisement disponible. (...) On ne collecte qu'environ 15% des téléphones portables mis sur le marché", constate ce document. La collecte très limitée des portables usagés "peut s'expliquer par l'information lacunaire fournie au consommateur, par des freins psychologiques au geste de tri" et par l'absence de contrôle du respect par les opérateurs de leurs obligations de reprise des téléphones usagés, selon le texte qui appelle à définir d'"urgence" une "stratégie" en la matière.
Une perte de 124 millions d'euros. La composition des téléphones en fait "une véritable 'mine urbaine'", rappellent les sénateurs. Ainsi, une tonne de cartes électroniques récupérées sur ces équipements "peut comprendre jusqu'à 1 kg d'or, 5 kg d'argent, 9 kg de tantale et 250 kg de cuivre". L'or en particulier "témoigne de l'intérêt économique du recyclage". En 2012, le traitement de seulement 10.000 tonnes de cartes électroniques, sur 37.000 produites à l'état de déchets, "a conduit à une perte de valeur de 124 millions d'euros pour l'or".
Des matières qui se raréfient. Recycler les matières premières utilisées est d'autant plus important que les ressources risquent à terme de se raréfier et que certaines, comme le coltan en République démocratique du Congo, sont extraites dans des zones de conflits armés ou "dans des conditions environnementales, sanitaires ou sociales problématiques", soulignent les auteurs. Malheureusement, "la conception des téléphones est délibérément défavorable" au recyclage et au réemploi, déplorent-ils, citant à titre d'exemples "la quasi-impossibilité de remplacer les batteries intégrées" aux téléphones, les vis non standard, le collage ou le soudage de certains éléments. Le rapport appelle à renforcer la réglementation européenne pour lutter contre "ces pratiques bloquantes".