La neuvième journée de manifestations contre la réforme des retraites a franchi un cap ce jeudi, avec la radicalisation des centaines de casseurs qui ont infiltré les défilés, avec parfois des scènes de chaos, comme à Paris. Cocktails Molotov et pavés contre matraques et gaz lacrymogène... Pour la première fois, le sentiment d'être arrivé à un point de bascule est largement partagé dans les cortèges.
Dégradations de vitrines, feux de poubelles et affrontements avec les forces de l'ordre, avec près de 900 départs de feu dans la capitale. À l'affût de la prochaine charge des CRS, casque sur la tête et masque sur les yeux, Morgan reconnaît un durcissement de la mobilisation. "J'ai fait toutes les manifestations depuis janvier et effectivement, ils ont bien changé. Cette violence des manifestants est compréhensible".
Quant aux commerçants, certains sont dépités de retrouver leurs vitrines brisées et vandalisées, comme Stéphane, un bijoutier : "Les vitrines sont cassées, il y a des débris partout par terre, il y a des produits qui ont été dérobés et notamment des montres de valeur. En tout cas, c'est plusieurs milliers d'euros, c'est certain."
"C'est la même lutte qui continue"
Pour tous dans le cortège, cette violence est le résultat de la prise de parole mercredi du président de la République. "On n'a absolument pas été convaincus par les mots d'Emmanuel Macron", déclare à Europe 1 Laurent. L'homme justifie la tension par l'exaspération. En première ligne face aux forces de l'ordre, il se félicite du regain du mouvement. "Les manifestations qui sont là aujourd'hui, peu importent les débordements et peu importe les vœux, sont légitimes et sont la conséquence de la violence du gouvernement qui n'écoute pas le peuple."
Une violence qui se caractérise par des slogans anti-police, mais aussi des jets de pavés en direction des forces de l'ordre. Pour Jean, deux mouvements qui ne se mélangeaient pas se sont rencontrés ce jeudi. "Que ça soit aujourd'hui ou les soirs de manière spontanée, pour moi, il n'y a pas de contradiction", estime l'homme, drapeau à la main. "C'est la même lutte qui continue." L'intersyndicale appelle à une 10ème journée de mobilisation mardi prochain.