La publication du décret et de l'arrêté au Journal Officiel mercredi portant sur la réforme du collège, au lendemain d'une manifestation d'enseignants, a mis le feu aux poudres. La droite a crié au "passage en force" et si les fédérations de parents d'élèves soutiennent globalement le projet du ministère de l'Education nationale, la majorité des syndicats enseignants ne l'approuvent pas. Malgré tout, le gouvernement s'est voulu rassurant en avançant que le dialogue allait continuer, volonté réelle ou promesse en l'air ?
Les fondamentaux de la réforme, inscrits dans le marbre. Maintenant que le décret et l'arrêté sont publiés, il sera en réalité impossible de revenir sur les points fondamentaux de la réforme. Par exemple, les dispositifs tels que les classes bilangues ou européennes seront bien supprimés. Les Enseignements pratiques interdiciplinaires (EPI) et une deuxième langue vivante dès la 5e, eux, bien établis. Idem pour l'accompagnement personnalisé des élèves et pour l'autonomie laissée aux établissements, de l'ordre de 20% du temps scolaire, soit 3 heures hebdomadaires par classe.
Mais des changements possibles dans leur application. Les syndicats d'enseignants pourraient cependant obtenir des avancées dans l'application de ces points fondamentaux. La circulaire d'application, qui reste à publier et qui indiquera le mode d'emploi de la réforme, précisera par exemple la manière de noter les EPI et pourrait apporter des détails sur l'enseignement du latin, dans un premier temps supprimé. Les professeurs pourraient aussi obtenir une journée ou une demi-journée banalisée par trimestre pour assimiler et mettre en oeuvre les nouveautés de la réforme.
Le brevet en danger ? Mais si Najat Vallaud-Belkacem, la ministre de l'Education nationale, a convié les syndicats à discuter, elle risque de se retrouver seule à la table des négociations. Les représentants des enseignants ne sont pas sûrs d'y assister. Ils se réunissent d'ailleurs jeudi matin pour définir la suite à donner à leur mouvement qui pourrait aller jusqu'au boycott du brevet. Mardi, les enseignants étaient un sur deux à faire grève selon le Snes, un sur quatre selon le ministère.
Quid des programmes ? La réforme des programmes, notamment pour ceux d'histoire, ont créé la polémique. Mais constituée par l'instance indépendante qu'est le Conseil supérieur des programmes (CSP), elle ne fait pas partie de la réforme du collège. Le décret publié mercredi ne la mentionne donc pas.
Le document présenté par le CSP le 13 avril dernier n'est qu'un projet soumis à consultation jusqu'au 12 juin. Les professeurs de chaque discipline vont en effet se pencher sur cette mouture afin d'apporter leurs corrections. Une fois adoptés par le CSP dans leur forme définitive en septembre 2015, les programmes s'appliqueront en même temps que la réforme du collège, à la rentrée 2016.