La réforme du collège, qui doit entrer en vigueur en septembre 2016, n'en finit plus d'enflammer le pays. Depuis 15 jours, la classe politique s'est emparée du sujet, au risque d'apporter encore plus de confusion à une réforme déjà compliquée. On en oublierait presque le monde éducatif, pourtant premier concerné par la réforme du collège et la refonte des programmes.
Dès mardi, les enseignants reprennent en main la contestation. Une intersyndicale, représentant 80% des professeurs du second degré, appellent les enseignants à descendre dans la rue pour dire leur opposition à la réforme du collège.
- La grande confusion
Avant de faire le tour des soutiens et des opposants à la réforme, il faut savoir de quoi on parle. Le gouvernement a souhaité, par souci de cohérence, mener en parallèle la réforme du collège et celle des programmes. Mais ces deux dernières semaines, les deux axes forts de la refondation du collège, qui n'ont pourtant rien à voir, se sont 'télescopés' rendant la réforme encore plus confuse. Prenons par exemple l'enseignement de l'histoire qui cristallise les critiques. Contrairement à ce que laisse entendre certains politiques, rien n'est encore acté sur le futur programme d'histoire puisqu'il relève du volet refonte des programmes. Les enseignants pourront donner leur avis jusqu'au 12 juin. Une mouture définitive sera ensuite présentée en septembre.
- Les EPI, non merci, disent les profs
Alors que la fronde politique fait la une de l'actualité, une autre bataille, tout aussi périlleuse, attend Najat Vallaud-Belkacem. Sept syndicats (SNES-FSU, SNEP-FSU, SNALC-FGAF, SNFOLC, SNETAA-FO, CGT Educ'action et SUD Education) manifestent mardi contre la réforme du collège. "On ne demande pas le retrait de la réforme comme certains, mais la reprise des négociations", indique Frédérique Rolet, co-secrétaire générale du SNES-FSU, premier syndicat du secondaire, qui s'attend à la mobilisation de deux profs sur trois.
Dans le viseur des profs, les nouveaux enseignements pratiques interdisciplinaires (EPI). Derrière ce concept théorique, l'idée est de mélanger au sein d'un même temps de classe différentes matières. "Les élèves au lieu de n'entendre parler de maths seulement en cours de maths, d'histoire-géo seulement en histoire géo, de français seulement en français vont voir se mélanger ces différentes matières pour leur donner plus de sens", avait détaillé sur Europe 1 la ministre de l'Education nationale. Les enseignants sont, eux, beaucoup moins enthousiastes et redoutent une mise en concurrence entre disciplines, enseignants et établissements. Surtout, les profs fustigent des intitulés "gadget" qui ne font pas partie du programme.
- Qui soutient la ministre ?
Najat Vallaud-Belkacem serait-elle seule contre tous ? "Il y a des syndicats qui soutiennent la réforme. Chacun a mis un peu de temps à s’organiser, mais ça y est. Il y a plein de gens qui interviennent, la ministre ne se sent pas seule", assure à Europe 1 son entourage.
Face à la mobilisation des opposants, les partisans du projet du ministère de l'Education nationale ont décidé de riposter lundi lors d'une conférence de presse. Avec pour objectif de "démolir les rumeurs", rappeler que la réforme du collège compte aussi des soutiens et qu'elle n'enlève rien aux élèves les mieux lotis. Etaient présents deux syndicats dits réformateurs, SE-Unsa et Sgen-CFDT, la FCPE, première fédération des parents d'élèves et plusieurs associations éducatives. "Il y a une bataille de l'opinion à gagner", a relevé Philippe Watrelot, président de la revue les Cahiers pédagogiques. Et la bataille ne fait que commencer.
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Ministre de l'Education nationale, c'est l...par Europe1fr