"Le lycée doit être maintenant la prochaine étape de nos réformes". Voilà ce qu’a décrété jeudi, jour de la rentrée scolaire, le président de la République, François Hollande, sans en dévoiler plus sur ses intentions. Une annonce étonnante vu le calendrier électoral plutôt serré. Pourtant, syndicats comme chercheurs, estiment également que le lycée doit être réformé.
Une annonce surprenante. La sortie de François Hollande les a pour le moins surpris. "Lors du bilan de la réforme de Luc Chatel en 2015, le directeur de cabinet du ministère nous avait dit : 'ce sera au prochain gouvernement de faire une réforme'", explique à Europe 1 Frédérique Rolet, porte-parole du SNES (le Syndicat National des Enseignements de Second degré), le principal syndicat du secondaire. "On ne peut que reconnaître l’enthousiasme de François Hollande, il doit être très confiant pour son avenir car une réforme, ça ne se fait pas en un claquement de doigt", ironise Jean-Rémi Girard, professeur de français en lycée et secrétaire national à la pédagogie du SNALC (le Syndicat national des lycées et collèges), syndicat généralement classé à droite.
Le diagnostic d’un spécialiste. Malgré cette annonce surprise, tous sont unanimes sur la nécessité d’une réforme du lycée. "Les lycées sont aujourd’hui dans une situation extrêmement hétéroclite et inégalitaire", explique à Europe 1 Philippe Meirieu, spécialiste de la pédagogie et professeur des universités en Sciences de l’éducation. "On est devant un système hiérarchisé qui produit un système de sélection en cascade qui génère de l’échec", tranche-t-il. Selon lui, certains lycéens ne préparent qu’au bac, d’autres au bac pro et certains qu’aux prépas les plus prestigieuses. "Il faut sortir du maquis dans lequel on est, les orientations sont devenues trop compliquées", abonde-t-il encore.
Les préconisations de deux syndicats. Face à ce constat, les syndicats ont déjà formulé des propositions et pointent du doigt ce qui ne marche pas. Du côté du SNES, on explique que l’accompagnement personnalisé mis en place par la réforme Chatel ne fonctionne pas, qu’il faut aussi revoir le financement de certains enseignements tel l’enseignement moral et civique. La surcharge de travail dans certains cours est aussi dénoncée. "En langues vivantes, il y a une surcharge de travail et un problème d’évaluation", explique Frédérique Rolet, "en histoire-géographie ou en sciences économiques et sociales, les programmes sont bien trop lourds". Enfin, celle-ci plaide pour "une meilleure transition" entre la troisième et la seconde.
Au SNACL, on propose une réforme d’envergure. "Dès la seconde, il faut que l’élève puisse choisir entre deux majeurs et deux mineurs", explique Jean-Rémi Girard. "Ces deux majeurs et ces deux mineurs se poursuivront en première et en terminale et on pourra y revenir dessus". En clair, "un élève qui veut faire à haut niveau du français et des maths en même temps le pourra, alors qu’actuellement, c’est impossible", poursuit-il. Enfin, le syndicaliste préconise une suppression de "tous ces gadgets comme les TPE, les enseignements d’exploration ou les accompagnements personnalisés".