L'expression de l'appartenance religieuse se banalise sur le lieu de travail sans poser de difficultés dans la très grande majorité des cas, selon une étude publiée mercredi.
L'affichage des convictions religieuses se banalise en entreprise sans poser de difficultés dans la très grande majorité des cas, selon une étude publiée mercredi qui pointe cependant une légère hausse des situations conflictuelles ou nécessitant une intervention des responsables hiérarchiques.
Une banalisation. La sixième étude réalisée par l'Observatoire du fait religieux en entreprise (Ofre) et l'institut Randstad, dont les résultats sont publiés par le quotidien La Croix, confirme que "l'expression de l'appartenance religieuse se banalise sur le lieu de travail". Comme en 2016 et 2017, 65% des personnes interrogées dans le cadre de ce rapport constatent l'existence de faits religieux sur leur lieu de travail : demandes d'absences pour des fêtes notamment, ports de signes comme le voile, prières pendant les pauses, stigmatisation, prosélytisme, refus de travailler avec une femme, etc. La part de ceux qui observent cette présence régulièrement est toutefois en recul (29,5% contre 34% en 2017).
Très peu de conflits. Dans plus de 90% des situations, l'affichage confessionnel ne gêne pas le bon fonctionnement de l'entreprise. Mais la part des cas conflictuels progresse légèrement (9,5% contre 7,5% en 2017) et une petite majorité (51%) des situations nécessite désormais une intervention managériale pour résoudre les problèmes ou trouver un compromis. En 2014, seuls 24% des cas appelaient une telle intervention. Quand un manager intervient, 17,5% des cas restent problématiques, contre 6% en 2013.
"Ce qui est assez marquant, par rapport aux années précédentes, c'est l'existence de deux réalités : la plupart des entreprises arrivent de mieux en mieux à gérer le fait religieux, tandis qu'une minorité d'entreprises concentrent le plus de conflits et sont dans une situation inquiétante", explique le chercheur Lionel Honoré, directeur de l'Ofre. Les questions, blocages ou conflits impliquent une "diversité" de religions même si l'islam "reste très majoritairement" concerné, selon cet universitaire, qui situe les cas notamment dans "les zones périurbaines des grandes métropoles" et des "secteurs à forte main d'oeuvre comme l'industrie, la grande distribution, le bâtiment, le transport".
Les conditions de travail beaucoup plus conflictuelles. La religion n'est toutefois un sujet régulièrement conflictuel qu'aux yeux de 5% des salariés, loin derrière les conditions de travail (35%) ou même les opinions politiques ou philosophiques (16%). 29% des managers considèrent cependant que le fait religieux rend leur rôle "plus délicat".
L'enquête a été réalisée entre mars et juin 2018 auprès de 1.453 cadres et managers, 1.111 questionnaires ayant finalement été retenus. Les répondants sont catholiques (49,5%), protestants (2%), juifs (2%), musulmans (8,5%), bouddhistes (1%) - pratiquants ou non -, mais aussi athées (27%) ou agnostiques (10,5%).