Religion : qui sont les orthodoxes en France ?

Les premiers orthodoxes sont arrivés en France à partir de la fin du 19e siècle. © STEPHANE DE SAKUTIN / AFP
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Antoine Terrel

Alors que les orthodoxes célèbrent dimanche la fête de la Pâques, l'historien et théologien Jean-François Colosimo a évoqué sur Europe 1 la formation de cette Église en France. Il rappelle que l'orthodoxie en France s'est développée sous l'impulsion de plusieurs vagues migratoires tout au long du 20e siècle. 

Un mois après les catholiques et les protestants, les orthodoxes célèbrent à leur tour la fête de Pâques. L'occasion de se pencher sur une branche du christianisme souvent méconnue en France, par rapport au catholicisme et au protestantisme. Invité d'Europe 1 dimanche, l'historien et théologien Jean-François Colosimo revient sur la place de cette Église, qui s'est installée dans notre pays au fil des migrations du 20e siècle. 

D'où viennent-ils ? 

Ces chrétiens orthodoxes sont "des gens issus de diasporas, des immigrés", rappelle Jean-François Colosimo. D'ailleurs, "jusqu'aux grandes vagues migratoires de la fin du 19e siècle et du début du 20e siècle, il n'y avait pas d'orthodoxie" en France. Et cette diaspora s'est formée tout au long du 20e siècle, d'abord avec "des Russes qui ont fui la révolution de 1917, des Grecs expulsés d'Asie mineure", puis "des Serbes qui ont fui Tito". 

Puis, après 1989 et la chute du mur de Berlin, sont arrivés "des Roumains, des Ukrainiens, d'autres Russes", ajoute le spécialiste, avant que les différents conflits au Proche-Orient n'entrainent de nouvelles migrations de Libanais, de Syriens, de Palestiniens, etc. Chez les chrétiens d'Orient, aujourd'hui, "de nouvelles vagues arrivent avec des Coptes d'Égypte, des Syriaques, des Assyriens, des Maronites du Liban", précise encore Jean-François Colosimo. 

Ces populations venues d'Orient "sont toutes arrivées en France à la suite d'une crise, d'une persécution", ajoute l'invité d'Europe 1, et "ont trouvé en France un havre". Et dans le cadre de la laïcité, "elles ont entrepris de fabriquer une sorte d'orthodoxie de France". Cette émergence de l'orthodoxie en France a "permis de changer le paysage religieux français et aux catholiques et aux protestants de sortir de leur face-à-face", analyse Jean-François Colosimo, qui conclut : "Cela a aussi permis d'avoir des chrétiens qui avaient une connaissance du monde musulman".

Pourquoi les Églises catholiques et orthodoxes se sont-elles séparées ? 

Après plusieurs siècles de querelles, aussi bien théologiques que politiques, la rupture s'est concrétisée avec le schisme entre Églises d'Orient et d'Occident en 1054 et l'excommunication du patriarche de Constantinople Michel Ier Cérulaire, qui avait refusé de reconnaître la primauté du pape. "À la suite de la chute de l'Empire romain et des invasions barbares, la papauté va se constituer en une forme de pouvoir, et l'Orient ne veut pas accepter que le magistère pontifical se constitue un pouvoir au-dessus de tous les autres évêques", explique Jean-François Colosimo.

Dès lors, poursuit l'historien, "il va y avoir une grande polémique où les chrétiens d'Occident, qu'ils soient catholiques ou protestants, vont reprocher aux orthodoxes orientaux d'être trop contemplatifs, d'être trop dans leur liturgie et leurs prières, tandis que les Orientaux vont reprocher aux chrétiens d'Occident de vouloir trop faire de l'Église une entreprise sociale et humanitaire, trop engagée dans l'histoire". 

Quel avenir pour les relations entre les Églises ? 

"Les choses avancent", assure Jean-François Colosimo, notamment sous l'impulsion du Pape François, "un pape très volontaire qui est dans une relation d'amitié vraie avec le patriarche Bartholomée, qui est le primat de l'orthodoxie". Par ailleurs, en parallèle du travail théologique mené par les deux Églises, le rapprochement est mené par les fidèles eux-mêmes. "Il y a des mariages entre orthodoxes, catholiques, protestants", décrit Jean-François Colosimo.