Le chef de la brigade anticriminalité (BAC) de Rennes a été condamné jeudi à 10 mois de prison avec sursis, fait rare, pour "violence", "faux en écriture publique" et "dénonciation calomnieuse" après un contrôle d'identité houleux filmé par vidéosurveillance.
Le tribunal correctionnel a suivi les réquisitions du parquet, reconnaissant le policier Philippe Jouan coupable des faits reprochés compte tenu de leur "gravité", en premier lieu de "violence par personne dépositaire de l'autorité publique". L'avocat du policier, Me Frédéric Birrien, a annoncé qu'il allait faire appel.
Un coup de genou au visage. Les faits remontent au 5 mai dernier lors du contrôle sur la voie publique d'un jeune homme qui s'était ensuite réfugié dans un bar. Le policier, âgé de 56 ans, avait porté un coup de genou au visage de l'interpellé qui était au sol. Philippe Jouan l'avait ensuite placé en garde à vue pour "trafic" et "faits de violences" contre lui, et avait même porté plainte contre lui.
L'interpellé, qui saignait du nez, avait contesté toute violence, ce que la vidéosurveillance du bar a permis d'établir. Fonctionnaire de police depuis près de 30 ans, formateur depuis 1996 et chef de la BAC, le policier n'avait fait l'objet d'aucune sanction disciplinaire pendant sa carrière.
Un geste "pas légitime." Dans le procès-verbal d'interpellation, il ne mentionne pas la raison de l'interpellation du jeune homme, mais à l'audience, il l'a justifiée par un soupçon de trafic de stupéfiants, tout en reconnaissant que le procès-verbal contenait des éléments faux. Dans son jugement, le tribunal a estimé que le coup de genou "ne pouvait être considéré comme légitime" dans la mesure où l'interpellé était en état "de résistance passive".