Les murs sont couverts de fissures, certaines si larges que l'on peut y loger sont pouce. Cet immeuble de Bagnolet, en banlieue parisienne, est totalement déstabilisé depuis la rupture d'une canalisation en 2015. Trois ans plus tard, ses trois étages sont soutenus par des étais, de grandes barres de fer qui confortent l'ensemble. Une situation d’autant plus inquiétante, que l'édifice est toujours habité.
Le spectre du drame de Marseille. Au premier étage, Boris a acheté son appartement juste avant la rupture de canalisation. Désormais, il est coincé sur place avec ses deux enfants de dix mois et trois ans. "Notre situation est inquiétante. On a un appartement qui est tout blanc, les fissures noires, on les voit bien apparaître. Tous les matins, on a l'impression qu'elles s'agrandissent un petit peu. Le sol s'affaisse", détaille ce propriétaire. Une situation et des paroles qui font tristement écho au drame de Marseille, où l'effondrement de trois immeubles le 5 novembre a fait huit morts.
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"On s'est fait balader." Sauf qu'à Bagnolet, les habitants sont victimes d'une bataille d'experts. Le propriétaire de la canalisation, Veolia, les assurances et la communauté de commune "Est ensemble" se renvoient la balle. Qui doit payer les travaux ? À quelle hauteur ? "À l'heure actuelle, personne ne se considère comme responsable", poursuit Boris. "On a attendu avec espoir un règlement à l'amiable, mais on s'est fait balader." Résultat, le devis qui était de 70.000 euros il y a trois ans dépasse aujourd'hui les 400.000 euros.
L'immeuble voisin menacé. Un habitant de 90 ans fait partie des victimes collatérale ; les étais qui soutiennent l'immeuble ont été installés chez lui. Il n'occupe pas le logement, mais ne peut plus louer ce deux pièces. "Ça me fait mal au cœur, pour moi c'était un petit plus pour ma retraite. Là, ça fait deux ans et demi que je ne touche rien", déplore le retraité, qui assure devoir encore payer la taxe foncière, malgré la situation. "Il faut que j'aille aux impôts rouspéter, sans ça je ne mange plus !" La situation est telle que les lézardes ont commencé à attaquer l'immeuble voisin. Dans l'appartement de Nadia, les experts, à chaque visite, inscrivent une date à côté des nouvelles fissures. "Je ne voudrais pas que ça s'écroule. Je suis à coté, je peux me retrouver dans l'éboulement. C'est dangereux", alerte-t-elle.
Les copropriétaires se sont tournés vers la justice, pour espérer régler la situation. Mais, avec la peur au ventre d'un drame similaire à celui de Marseille, tous craignent que l'immeuble ne survive pas à la longueur des procédures.