>> Toute la semaine, deux reporters d'Europe 1 posent leurs valises à Mourenx, une commune de 7.000 habitants située dans les Pyrénées-Atlantiques. Le but ? Vous donner la parole et entendre vos problématiques quotidiennes. Retrouvez nos reporters en direct de Mourenx tous les jours à 7h12, dans les journaux de la matinale ainsi que ceux de Raphaëlle Duchemin et Pierre de Vilno entre 12h et 14h et de Matthieu Belliard de 17h et 20h.
Au centre social de Mourenx, on s'active en prévision de "la semaine de la laïcité" qui commence lundi. L'objectif de la municipalité est de promouvoir le vivre ensemble, une démarche qui fait sens lorsque l'on sait que sur à peine 7.000 habitants, cinquante nationalités et toutes les religions sont représentées dans cette petite ville du Béarn. La plupart de ces habitants sont arrivés il y a soixante ans, pour répondre à un énorme besoin de main d'œuvre sur le gisement du gaz de Lacq.
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"On vivait les uns avec les autres". À ce moment-là, le mot racisme n'existait pas pour eux, se souvient Abdelatif qui a grandi ici. "J'ai des souvenirs extraordinaires, je n'ai pas de superlatifs. Il n'y avait aucune distinction entre nous", explique-t-il. "Nous vivions dans un appartement, au quatrième étage. Au troisième étage, il y avait une famille d'Espagnols, au deuxième étage une famille de confession juive, au premier étage un couple dont le mari était CRS et au rez-de-chaussée une maman rapatriée d'Algérie", énumère-t-il. "On vivait les uns avec les autres. Il faut que l'on arrive à faire comprendre tout cela à nos enfants", martèle-t-il.
Apprendre à se connaitre. Car il faut dire qu’entre-temps, le communautarisme a pris de l'ampleur, avec notamment des phénomènes de repli. Depuis les attentats de 2015, les habitants ont décidé de se réunir régulièrement pour voir comment ils pouvaient changer les choses. Ils ont créé un groupe de parole de toutes origines et toutes confessions. Parmi eux Suzanne, Bernadette ou encore Abdelatif qui se souvient de la journée portes ouvertes à la mosquée. "Les gens se sont engouffrés dans cet édifice avec beaucoup d'idées préconçues de ce que pouvait être un lieu de culte qu'ils ne connaissaient pas. Ils ont constaté que c'était juste quatre murs".
" Il est très intéressant de se côtoyer, de vivre ensemble "
La précarité, lit du repli sur soi. "Je me suis dit que, finalement, ils n'étaient pas aussi différents qu'on pouvait le penser. Il est très intéressant de se côtoyer, de vivre ensemble", reconnaît Suzanne. Et Bernadette d'ajouter : "J'ai des sourires que je n'avais pas avant. Un Maghrébin que j'ai rencontré dans ce groupe, à chaque fois que je le vois, il a un sourire qui lui fend le visage". Tous sont catégoriques : le problème ce n'est pas l'origine ou la religion, mais la crise économique. Le malaise est arrivé avec le chômage - qui atteint un taux record de 22% à Mourenx -, et la précarité qui a suivi. Les gens se souviennent de l'époque où tout allait bien, c'est-à-dire quand tout le monde travaillait.
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