L'Assemblée nationale a donné mardi son feu vert à la réintroduction temporaire des néonicotinoïdes, dans le cadre d'une utilisation limitée dans le temps et bornée à la filière betterave. Ce texte a suscité de nombreux débats et plusieurs voix, notamment à gauche et chez les écologistes, ont dénoncé l'éventuelle influence de lobbys ou de syndicats agricoles. Y a-t-il eu des pressions sur le gouvernement ou sur le Parlement ? "Aucune !" répond fermement Julien Denormandie, le ministre de l'Agriculture, invité d'Europe 1 mercredi matin.
"Vouloir une France forte avec une agriculture forte !"
"Sauver une filière et 46.000 emplois, c’est succomber à des lobbys ? Vouloir faire une transition agro-écologique en France plutôt que d’importer du sucre étranger, c’est faire face à des lobbys ? Avoir une vision pour notre souveraineté alimentaire, c’est faire face aux lobbys ? Mais bon sang, c’est juste vouloir une France forte avec une agriculture forte !" a déclaré le ministre.
"Il n’y a aucun pays au monde, pas un, il n’y a aucune civilisation au monde, pas une, qui n’a pas été forte sans avoir une agriculture forte", explique Julien Denormandie. "Moi je suis pour une souveraineté agro-alimentaire française et donc pour la filière française"
"La déclaration d’une députée ou d’anciens ministres, ça ne fait pas pousser les betteraves !"
Mais pourquoi n’aurait-il pas été possible d’indemniser à 100% les betteraviers et de ne pas autoriser cette dérogation, comme le suggérait sur notre antenne Yannick Jadot ? "ll est député européen depuis 11 ans et sait parfaitement que les règles européennes ne nous permettent pas d’indemniser à 100% les producteurs de betteraves", répond Julien Denormandie, avant de tacler sèchement le chef de file des écologistes lors des dernières élections européennes.
"Monsieur Jadot est de l'incantation à l'incompétence ! Ça fait onze ans qu'il est député européen et il ne connaît même pas ses règles de base !". Le ministre de l'Agriculture a aussi tancé la position de Delphine Batho, député ex-LREM qui siège désormais dans le groupe EDS. "Elle est dans l’incantation (...) la déclaration d’une députée ou d’anciens ministres, ça ne fait pas pousser les betteraves !"
"Malheureusement, il n’y a pas d’alternative"
Convaincu de sa position, le ministre reconnaît que "malheureusement, au moment où je vous parle, il n’y a pas d’alternative [aux néonicotinoïdes, ndlr]". Selon Julien Denormandie, face à cette situation, "il faut sortir de l'incantation et mettre les pieds dans le réel".