Les opposants à la réforme des retraites étaient moins nombreux dans la rue mardi pour une dixième journée d'action à l'appel des syndicats qui ont réclamé une "médiation", rejetée par le gouvernement mais soutenue par ses alliés du MoDem. Cinq jours après un sursaut de mobilisation, les chiffres des autorités comme des syndicats attestent d'une participation en repli : le ministère de l'Intérieur a recensé 740.000 manifestants dans toute la France, dont 93.000 à Paris, la CGT "plus de 2 millions" dont 450.000 dans la capitale.
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17 feux de poubelles constatés
Comme la semaine dernière, des heurts entre manifestants et forces de l'ordre ont éclaté dans plusieurs villes, alors que les violences autour de la bassine de Sainte-Soline dans les Deux-Sèvres, durant le week-end, étaient encore dans toutes les têtes. À Paris, où 10.000 contrôles ont eu lieu autour du cortège, un commerce Leclerc a été pillé, une agence mutuelle de santé AESIO et un magasin de lunettes ont été dégradés, 17 feux de poubelles ont été constatés avant l'arrivée place de la Nation, deux abris bus ont été dégradés, et un incendie dans une cage d'escalier causé par un fumigène est à déclarer.
400 "black blocs" recensés, 78 interpellations
Au plus fort de la manifestation, 400 "black blocs" se sont rassemblés sur l'itinéraire partant de la place de la République vers Nation. La préfecture de police a interpellé 78 personnes dont 52 par les effectifs de la Direction de l'ordre public et de la circulation (DOPC) et 26 par ceux de la Direction de la sécurité de proximité de l'agglomération parisienne (DSPAP). Ces interpellations concernent 72 hommes, 6 femmes et 5 mineurs.
76 d'entre eux ont été placés en garde à vue pour participation à un groupement en vue de la préparation de violences et/ou de dégradations de biens, volontaires, jets de projectiles et violences volontaires sur personne dépositaire de l'autorité publique.
Échauffourées en province
Tensions aussi à Dijon, Lyon, Lille et Toulouse, où les forces de l'ordre ont fait usage de canons à eau. Nantes, Bordeaux, Strasbourg, Besançon et Nancy ont aussi connu des échauffourées. Redoutant ces incidents, le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin avait déployé un "dispositif de sécurité inédit" : 13.000 policiers et gendarmes, dont 5.500 dans la capitale. "La France ne se mène pas à coups de trique", a répliqué l'insoumis Jean-Luc Mélenchon, appelant ses troupes au "sang-froid".
À Paris, la Tour Eiffel était fermée, comme l'Arc de Triomphe ou le château de Versailles. En revanche, chez les éboueurs parisiens, la CGT a annoncé la suspension de la grève et du blocage des incinérateurs à partir de mercredi, alors que 6.600 tonnes de déchets jonchent encore les rues de la capitale. Si les enseignants étaient moins mobilisés (8% de grévistes selon le ministère), des dizaines de blocages d'universités, de lycées et même de collèges ont été recensés, d'Avignon au Havre, de Lille à Bordeaux.
La mobilisation des jeunes, surveillée comme le lait sur le feu par les autorités, a elle aussi marqué le pas : ils étaient 400.000 dans la rue selon les affirmations de l'Unef, contre 500.000 le 23 mars. Mais leur détermination reste intacte, à l'image de l'étudiant lillois Siméon Ronzier, 20 ans : "Je suis encore très jeune mais la réaction du gouvernement, le 49.3, le fait de voir que le peuple n'est pas écouté, c'est ça qui m'a donné envie de me battre".