Presque trois quarts des Français opposés, et un gouvernement qui reste sur sa position. La réforme des retraites cristallise la colère des Français et des syndicats, qui multiplient les rassemblements et les blocages partout sur le territoire. Face à eux, le chef de l'Etat poursuit son argumentation sur le sujet, assurant qu'il n'y a pas d'alternative à la réforme des retraites, et notamment au report de l'âge de départ à la retraite. "Ça ne me fait pas plaisir, mais (cette réforme) est nécessaire", a-t-il expliqué lors de son interview ce mercredi dans les journaux de TF1 et France2.
Critique du monde économique
Invité au micro d'Europe 1 ce jeudi, le géographe Christophe Guilluy estime que cette réforme "est encore une goutte d'eau qui fait déborder le vase". "Il ne faut pas se tromper, c'est-à-dire que nous ne sommes pas face à des mouvements sociaux qui ressemblent aux mouvements sociaux des 19 et 20ᵉ siècles. On n'a pas là des gens qui viennent demander de nouveaux droits", explique l'auteur de "Les dépossédés".
Les manifestants "viennent pour dire nous sommes actuellement dépossédés de ce que nous avons et de ce que nous sommes et nous souhaitons que tout ça s'arrête", poursuit-il, estimant qu'il s'agit avant d'une critique du modèle économique. Un modèle qui a choisi de pousser sur le bas-côté la majorité des Français, assure Christophe Guilluy.
Faire perdurer "le monde d'avant"
Car, dans les années 80, "on a décidé que la classe moyenne et les classes populaires en Occident, parce que c'est très spécifique à l'Occident, étaient devenues trop cher payées et trop protégées". Une rhétorique, qui a favorisé la désindustrialisation dans l'Ouest du monde, et le déclassement d'une partie de la population.
Désormais, "Nous sommes face à des gens qui sont dans une contestation pour nous dire 'nous ne voulons pas forcément le monde de demain, celui dont les médias nous parlent, mais nous voulons que le monde d'avant, perdure", conclut le géographe, Christophe Guilluy.