Retraites : pour Alain Bauer, «c'est la même crise que les gilets jaunes, elle se poursuit»

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Loane Nader , modifié à

Ce vendredi, le professeur de criminologie au Cnam Alain Bauer était l'invité d'Europe 1. L'auteur du nouvel ouvrage, "Au commencement était la guerre", a offert son regard sur le mouvement de contestation de la réforme des retraites, qui n'est autre que la continuité de celui des gilets jaunes. Pour Alain Bauer, la crise des gilets jaunes "ne s'est jamais terminée".

Le professeur de criminologie au Cnam Alain Bauer était l'invité d'Europe 1 ce matin pour apporter son analyse sur le mouvement de contestation de la réforme des retraites , désormais particulièrement emprunt de violence . C'est un énième cri de colère de la part des Français, après le mouvement des gilets jaunes qui ne s'est jamais tari, selon le professeur. "C'est la même crise que les gilets jaunes, elle se poursuit, elle ne s'est jamais terminée", estime Alain Bauer.

En outre, si beaucoup de Français descendent dans les rues depuis l'amorce de la réforme des retraites en janvier, on peut y voir une conséquence de la contestation des gilets jaunes en 2019, qui a encouragé les plus mécontents à protester contre les décisions du gouvernement. "Il n'y a jamais eu de fin de la crise, mais elle a permis à des gens qui n'avaient jamais manifesté, qui n'ont jamais eu la culture de la manifestation, mais qui avaient la culture de la violence, [de le faire]." 

Rapport de force entre État et manifestants

D'un point de vue sociétal, le professeur de criminologie remarque une tendance grandissante pour le recours à la violence , et qui serait notamment légitimé par l'État. "On entend des manifestants qui disent 'on avait fait des manifestations pacifiques et ça n'a rien donné, les gilets jaunes ont fait des manifestations violentes, ils ont obtenu X milliards, on va faire pareil", explique l'invité d'Europe 1, avant d'en conclure que "c'est un indicateur de réplique, de copie par rapport à un système où l'État dit qu'il ne réagit qu'en fonction du rapport de force".

"Je ne discuterai pas dans la paix et le calme", des propos du président de la République, qui pour Alain Bauer insufflent au peuple une nécessité de faire usage de la force, comme seul moyen de se faire entendre. Ainsi, pour l'écrivain, Emmanuel Macron  néglige le processus démocratique dans la gestion du dossier des retraites : "Il n'y a pas un pays démocratique dans le monde où, avant une manifestation ou un mouvement social, vous n'essayez pas la dernière option qui est celle de la négociation".