Les 118 évêques catholiques de France se réunissent en assemblée plénière à partir de samedi à Lourdes, un rendez-vous lors duquel ils entendent mettre en avant leur travail dans la lutte contre la pédophilie dans l'Eglise, en accueillant des victimes. Sept ou huit victimes sont attendues dans la cité mariale par la Conférence des évêques de France (CEF), sauf éventuelle défection d'ici samedi. La principale association, La Parole libérée, a de son côté renoncé à y participer, ses principaux fondateurs jugeant l'accueil proposé très peu respectueux des victimes.
La CEF y voit elle une marche supplémentaire dans la prise en compte de ce fléau, après la "demande de pardon" exprimée solennellement en novembre 2016, la mise en place de divers dispositifs depuis deux ans (cellule permanente, cellules d'écoute dans les diocèses) ou encore la publication, mardi, d'un rapport chiffré sur les signalements et mesures de justice visant les prêtres pédophiles.
Des rencontres lors de groupes de travail. Concrètement, la rencontre samedi ne va pas se faire dans l'hémicycle, comme les victimes le souhaitaient, mais lors de groupes de travail (des "carrefours") réunissant deux victimes et 25 à 30 évêques chacun. Parmi les sujets de discussion proposés par les victimes : "L'accompagnement des personnes", "la place et le recours aux droits", "les cas très anciens", "l'atteinte spirituelle"...
L'une des victimes, Véronique Garnier, espère cette rencontre "depuis très longtemps". Pour que les évêques "reconnaissent leur responsabilité", sur des crimes qui ont pu être commis selon elle grâce à un "système". Et pour les "interpeller sur la façon dont ils doivent accueillir les personnes abusées".
Une commission d'enquête "indépendante" à l'étude. Cette rencontre intervient alors qu'une demande de commission d'enquête parlementaire sur les actes de pédophilie dans l'Eglise, lancée par des religieux, des avocats, deux anciennes ministres et portée par les sénateurs socialistes, a essuyé un refus il y a deux semaines au Sénat. A défaut, une mission d'information (avec beaucoup moins de pouvoirs) portant sur les "abus sexuels dans tous les lieux d'accueil des mineurs" va être lancée.
La CEF, qui n'était pas favorable à l'enquête parlementaire, travaille de son côté "à la mise en place d'une instance externe, indépendante, comprenant des historiens, qui devra faire le travail de vérité et de mémoire". Elle en discutera à Lourdes.