Le cœur des révisions pour le baccalauréat bat son plein, alors que l'épreuve de philosophie démarre le 15 juin. Pour les uns, il s'agit simplement de relire une dernière fois leurs fiches. Pour les autres, il s'agit de rattraper le retard et de ne pas se perdre au milieu d'un océan de notes. Pour tous ou presque, il s'agit d'essayer de limiter le stress du mieux possible. Pour chacune de ces tâches, les aspirants bacheliers pourraient trouver de l'aide du côté du… cinéma. "Vous n'aurez pas votre bac en matant des films. Ce n'est pas une base mais cela peut être un bon complément", explique à Europe 1 Stéphane Moret, journaliste à L'Etudiant et auteur du blog Bac Fiction.
"C'est une manière de voir une partie du programme appliquée sur des images. C'est un autre mode d'apprentissage", poursuit ce spécialiste. "C'est de l'ordre du divertissement, il peut donc y avoir un intérêt sur ces formats qu'il n'y a pas dans les salles de cours. Cela constitue un aide-mémoire, un plus pour ceux qui ont une mémoire auditive ou par l'image", enchaîne Stéphane Moret. Et de poursuivre : "cela donne un autre écho que lorsque l'on est assis sur une chaise à écouter le professeur, au milieu de 25 ou 30 personnes. Cela peut permettre de bien s'approprier le sujet".
>> Quels films privilégier, à moins d'une semaine du début des examens ? Voici une petite liste.
Matrix, pour la philosophie. C'est l'histoire de Néo, qui s'aperçoit que le monde qui l'entoure n'est qu'une illusion. Le monde réel, lui, est plongé dans le chaos. L'humanité est organisée en une poche de résistance fragile, contre des machines redoutables qui ont pris possession de la planète. Le monde que l'on perçoit n'est que virtuel, une illusion régi par un code informatique complexe.
"On peut faire un parallèle avec le mythe de la caverne chez Platon. Cela soulève les questions de l'illusion, de la réalité, de la perception de l'individu : ce qu'il perçoit n'est pas forcément la réalité. Autant de questions cruciales en philosophie", décrypte Stéphane Moret. "Il faut se servir des films non pas pour les citer, mais pour mieux intégrer une notion, mieux la visualiser, l'intégrer, s'en rendre compte par l'image. Il faut regarder le film avec ses fiches à côté, et se servir de ses révisions", insiste le journaliste.
Alien, pour les sciences naturelles. La série évoque l'histoire d'extra-terrestres qui ont eu à s'adapter dans des environnements hostiles, dans leur planète dévastée, sans aucune trace de civilisation. Puis la logique s'inverse : c'est ensuite au tour des humains, au contact des "Aliens", de s'adapter, face à cette nouvelle créature menaçante. "Le film retrace de A à Z le cycle de la vie. On peut faire le parallèle avec les sciences naturelles, et la manière dont les végétaux, les animaux et les humains évoluent et s'adaptent à leur environnement", décrypte Stéphane Moret.
James Bond, pour l'Histoire. Les James Bond de la fin des années 70 jusqu'au milieu des années 80 vous plongent dans la Guerre froide. "Cela peut vous permettre de visualiser les conséquences économiques, les guerres, les tensions, la quête de l'espace, les confrontations de points de vue entraînés par l'opposition entre le bloc soviétique et le bloc occidental. Cela permet de faire un peu de géographie aussi : le personnage visite beaucoup de pays", explique l'auteur de Bac Fiction. Et d'enchaîner : "les James Bond nous donnent, certes, à voir des caricatures de points de vue. Mais cela peut vous permettre, justement, de vous exercer à prendre du recul, à l'aide de vos cours, et d'éviter les jugements du type 'les Russes sont les méchants, les Américains sont les gentils'".
Argo, pour l'Histoire. Le film raconte l'histoire d'un responsable de la CIA, en 1979, qui tente de libérer des diplomates américains réfugiés à l'ambassade du Canada à Téhéran, en Iran. "Comme beaucoup de films récompensés par des Oscars (le film en a eu trois en 2013, dont celui de meilleur film), Argo permet de bien réviser l'Histoire. Le film évoque celle du Proche-Orient et des Etats-Unis depuis 1918. Pourquoi en est-on arrivé là ? Pourquoi le Canada s'en mêle-t-il ? Pourquoi les tensions sont-elles souvent passées sous silence ? Le film aborde ces problématiques", explique le bloggeur.
Dallas buyers club, pour les sciences économiques et sociales (SES). Ce film dramatique aux trois Oscars évoque l'histoire d'un cowboy de Dallas, macho et homophobe, adepte du rodéo, de l'alcool, de la cocaïne et du sexe, qui apprend en 1985 qu'il a le Sida, après avoir eu des rapports avec des femmes toxicomanes. Il s'associe alors avec une séropositive transgenre et fonde le Dallas Buyers club, une entreprise via laquelle il distribue des antirétroviraux non autorisés aux Etats-Unis. "Ce film illustre et met l'accent sur les inégalités sociales, qui sont étudiées au programme de SES du Bac. Tout le monde a-t-il un égal accès à l'Education ? Au système de santé ? A l'information ? Ce sont des questions que soulève le film", selon Stéphane Moret.
Peut-on directement citer des films sur sa copie ? Si les films peuvent servir à mieux intégrer une notion, il est toutefois très risqué de directement y faire référence le jour du Bac. "Il se peut que le professeur n'ait pas vu le film ou qu'il ne comprenne pas les références", explique le journaliste. Avant de citer un film sur sa copie, il faut d'abord s'assurer qu'il s'agit bien d'un classique, qui fera l'unanimité chez les correcteurs. "Vous pouvez citer sans problème 1900, de Bertolucci, La liste de Schindler, de Spielberg ou encore Le Dictateur, de Chaplin, par exemple. Ce sont des valeurs sures", conclut Stéphane Moret.