Révision du bac de philo : "Est-il absurde de désirer l'impossible ?"

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Chaque matin, dans La Morale de l'info, Raphaël Enthoven éclaire l'actualité avec un sujet de philosophie susceptible de tomber au Bac.
LA FRANCE BOUGE

Le Bac de philosophie arrive mercredi, et il est temps pour Raphaël Enthoven de dispenser ses derniers conseils. Mardi, le philosophe s'est attaqué sur Europe 1 au sujet du désir : "Est-il absurde de désirer l'impossible ?"

Pour arrêter sa problématique, il faut d'abord bien définir les termes du sujet. "Est absurde ce qui n'a pas de sens", développe Raphaël Enthoven. "Le désir, a priori, porte sur ce que nous manquons, ce qui nous fait défaut. Y a-t-il donc un sens, parce que c'est voué à l'échec, à donner au désir l'impossible pour but ?"

Un désir frustrant, voire dangereux. Désirer l'impossible semble absurde à première vue. "Cela condamne le désir à la frustration", explique le philosophe. Désirer avoir des ailes dans le dos, connaître à l'avance la combinaison gagnante du loto ou même les sujets du bac philo ne peut que rendre malheureux. Et le désir d'impossible n'est pas seulement susceptible de rendre triste, il peut même devenir dangereux lorsque celui ou celle qui désire l'impossible croit que ce n'est pas impossible. Et Raphaël Enthoven de prendre pour exemple "toute utopie qui, quand elle refuse d'être impossible, débouche en s'incarnant dans des massacres de masse".

Moteur de progrès. Néanmoins, désirer l'impossible peut aussi se révéler très utile. Si l'Homme ne le faisait pas, il ne pourrait pas progresser. Pour reprendre l'exemple des ailes dans le dos, c'est précisément parce que l'Homme ne peut en avoir qu'il s'est débrouillé pour inventer l'avion. Cet engin est né du désir, pourtant "impossible" pendant des siècles, d'arpenter les airs. C'est la même chose pour marcher sur la Lune ou aller sur Mars. De manière générale, "toute prouesse de l'humanité est le pis-aller d'un désir qui n'a pas renoncé à l'impossible", note Raphaël Enthoven. Dès lors, ce qui semblait absurde devient le sens même de la vie. Cela permet à l'humanité de s'orienter vers le progrès.

Désirer ce que l'on a. Reste que tant que le désir est indexé sur le manque, il est impossible pour l'Homme d'être satisfait. "L'objet du désir est un objet qui s'arrange pour manquer, même si cela brise le cœur." La solution est donc de réorienter son désir sur non pas le manque, mais l'excès. Comme le résume Raphaël Enthoven, "si c'est par abondance qu'on désire, et non par insatisfaction, si on désire par désir et non par besoin, alors la douleur de désirer s'estompe au profit du bonheur de mordre dans le fruit qu'on a sous la main. À l'absurdité de désirer l'impossible répond la possibilité de désirer l'absurde." Plutôt que de désirer l'impossible, ou même seulement ce que l'on n'a pas, mieux vaut faire comme Sacha Guitry, qui disait : "je ne désire que ce que j'ai."