Chaque matin dans La Morale de l'info, Raphaël Enthoven éclaire l'actualité avec un sujet de philosophie susceptible de tomber au Bac. Mercredi, le philosophe s'attaque à l'art avec cette question : "Une oeuvre d'art peut-elle ne pas être belle ?"
La grosse erreur à éviter. "Attention, la question porte sur la beauté de l'oeuvre et pas la beauté du modèle", prévient d'emblée Raphaël Enthoven. "Il ne s'agit pas de se demander si l'oeuvre d'art est plus ou moins belle selon qu'elle représente la Joconde ou une charogne mais si un oeuvre d'art, quoi qu'elle représente, peut échapper à la beauté tout en restant de l'art". Une fois le sujet bien défini, voici quelques éléments de réponse pour le traiter.
"La beauté ne relève pas de la vérité". Il faut se demander si la production de beauté est intrinsèque à la création artistique ou si elle mérite qu'on s'en passe, au profit de sujets plus importants. Il faut ensuite définir la beauté. "Chacun sait ce qui est beau mais personne ne sait ce qu'est LE beau", développe Raphaël Enthoven. "La beauté n'est pas l'affaire de la science. L'évidence de la beauté ne relève pas de la vérité".
"Et si la beauté n'offre qu'elle-même, si elle n'est pas affaire de science, et si elle est une condition de l'art, alors l'art échappe à toute captation par la politique, la morale, l'individualisme ou la religion", poursuit le philosophe. "C'est à la beauté qu'on doit de faire une différence entre l'art et toutes les tentatives de mettre l'art au service d'une autre cause que lui-même".