Le parquet a requis jeudi soir un an de prison avec sursis contre les rappeurs Booba et Kaaris pour leur rixe à l'aéroport d'Orly, et réclamé des peines allant jusqu'à huit mois d'emprisonnement ferme pour les membres de leurs clans respectifs.
Les deux rappeurs ont "perdu toute lucidité". Les deux rivaux sont "tous deux responsables" de la rixe du 1er août, lors de laquelle ils ont "perdu toute lucidité", a estimé le procureur. Ce sont eux qui ont échangé les premiers coups et ils ont "entraîné leurs gardes rapprochées" dans la bagarre, a-t-il dénoncé devant le tribunal correctionnel de Créteil.
Le procureur a réclamé la relaxe d'un membre de l'équipe accompagnant Booba, qui s'est tenu à l'écart de la cohue. Pour les huit autres membres des deux clans, il a requis entre six mois de prison avec sursis et huit mois ferme, en fonction de la gravité des violences et des antécédents de chacun.
Pas de guet-apens. Les principaux responsables de la bagarre restent les deux rappeurs, a-t-il argué. Booba "porte le premier coup de pied", a noté le procureur, mais c'est Kaaris "qui se lève et va au contact". Ensuite, "chacun des accompagnants ne peut pas faire autrement qu'intervenir". Si chacun devait embarquer dans le même avion pour Barcelone, l'enquête ne permet pas de démontrer un guet-apens de la part d'un des deux camps, selon le parquet. Loin du coup marketing, "cette rencontre est fortuite", a estimé le procureur.
Mus par la peur de "devenir la risée de leur entourage et d'Internet". "Sous le regard des passagers et des réseaux sociaux, cette rencontre ne pouvait que se conclure par une confrontation physique", a regretté le magistrat. Booba et Kaaris "se sont créé des personnages forts, puissants violents, excessifs et déterminés", a-t-il décrit. Booba, Elie Yaffa de son vrai nom, et Kaaris, Gnakouri Okou à l'état-civil, entretiennent depuis des années une rivalité à coups de "clashs" sur Internet. Dans ce contexte, "baisser les yeux, détourner le regard, ignorer l'autre, c'est déjà perdre la face", a résumé le procureur. Il a fustigé deux hommes qui "ont perdu toute lucidité", mus par la peur de "devenir la risée de leur entourage, mais aussi la risée d'internet".
"Je souhaite simplement que cette audience les renvoie tous à leurs responsabilités", a poursuivi le magistrat, en rappelant que les deux rappeurs étaient également "chefs d'entreprise" et "pères de familles". "Le retour à la réalité est cruel", a-t-il conclu, "il illustre que leurs avatars sont un peu plus courageux qu'eux".