Les avocats des frères marocains impliqués dans une rixe sur une plage de Sisco, en Corse, ont annoncé mardi avoir demandé le dépaysement de leur procès. Cette affaire, qui avait attisé les tensions entre communautés sur l'île en août, avait défrayé la chronique. Au total, cinq hommes doivent comparaître lors d'une audience programmée jeudi devant le tribunal correctionnel de Bastia, trois frères marocains de Furiani et deux villageois corses, soutenus par la population locale.
"La sérénité des débats est mise en péril." Le parquet général de Bastia peut statuer sur le dépaysement, c'est-à-dire renvoyer l'affaire à un autre tribunal, avant l'audience. Dans le cas contraire, le tribunal pourra décider jeudi de renvoyer le procès à une date ultérieure, le temps que ce point soit tranché.
"Le dépaysement est nécessaire pour avoir un débat serein, ainsi que pour la sûreté des prévenus", a déclaré Me Ouadie Elhamamouchi, qui défend Jamal Benhaddou, l'un des Marocains. "La sérénité des débats est mise en péril par les passions locales", a-t-il précisé, pointant également "l'ingérence du pouvoir politique corse" dans ce dossier.
Des frères accusés d'être à l'origine des troubles. Les frères marocains avaient été clairement accusés par le procureur de Bastia Nicolas Bessone d'avoir été à l'origine des échauffourées, et devront répondre de violences en réunion avec armes. La rixe avait été suivie par des manifestations hostiles aux étrangers dans un quartier populaire de Bastia, où certains pensaient que les familles marocaines impliquées vivaient.
Signe de la tension persistante, le parti indépendantiste Corsica Libera -dont le président de l'Assemblée de Corse Jean-Guy Talamoni est un des dirigeants- a appelé à un rassemblement de soutien aux deux habitants corses de Sisco qui doivent comparaître jeudi.