Après la cérémonie d'hommages aux victimes des attentats, vendredi matin dans la Cour des Invalides, Robert Badinter a jugé le discours de François Hollande comme étant "le meilleur, par sa sobriété, son contenu, et la volonté affirmée de demander aux Français de rester tel qu’ils sont. Ça m’a particulièrement touché".
Les Français rassemblés. Dans Le Club de la Presse sur Europe1, l'ancien ministre de la Justice s'est ému de voir "les Français, qui sont un peuple rassemblé aujourd’hui. On ne peut pas ne pas avoir un sentiment très profond. Ce crime atteint la France entière, il y a un rapport d’identification très fort". A l'égard des terroristes, Robert Badinter a lancé : "Ce qui les caractérise, c'est la passion de la mort. Mais dans nos sociétés, c'est la vie qui compte".
L'appel aux musulmans. Pour l'ancien ministre socialiste, "le risque, le vrai, le grand, le péril tendu, que les Français n’ont pas, c’est la rupture avec la communauté musulmane, c’est ce que veulent les terroristes". Robert Badinter a tenu à rappeler que ce piège est tendu "en premier lieu à nos compatriotes musulmans". Il s'est cependant ému de ne pas assez entendre de leur part "de réaction d’indignation, de refus. Je ne l’entends pas assez dans les manifestations publiques. Ce n’est pas faute de leur avoir dit 'Venez, participez avec la Nation toute entière'. C’est leur sort qui se joue. 80% des attentats de Daech touchent des musulmans".
"L'Etat de droit ne veut pas dire l'Etat de faiblesse". Sur l'instauration de l'état d'urgence et les mesures sécuritaires qui en découlent, l'ancien président du Conseil constitutionnel a estimé que le gouvernement n'avait pas "franchi la ligne rouge". Il a cependant nuancé : "Nous sommes dans une situation exceptionnelle, ce n'est pas pour autant qu'on ne doit pas faire attention aux libertés". Robert Badinter a insisté sur la nécessité de ne pas céder à la peur. "Ma réponse est : cramponnons-nous aux exigences de l’Etat de droit, ne supportons pas qu’on vienne dire que tout est possible parce que ça accroîtra la sécurité. Il y a des libertés auxquelles on ne saurait toucher".
La France en guerre ? Que pense l'ancien ministre de l'emploi du mot "guerre" après les attentats de Paris ? Si Robert Badinter comprend "l'image", il s'oppose au "constat". "J’ai vécu toute mon adolescence pendant la guerre. Nous n’avons pas ici l’ampleur de ce que signifie le mot de guerre".