Les organisations de défense du patrimoine ont dénoncé mardi le début des démolitions et l'abattage d'arbres au cœur du Jardin des Serres d'Auteuil, un site classé, après le feu vert du Conseil d'État à la construction d'un stade de tennis pour Roland-Garros.
Pour construire un court de 5.000 places. "Je suis allée voir les travaux ce matin et j'ai vu qu'ils abattaient les arbres, qu'ils marquaient leur territoire", a déclaré Agnès Popelin, vice-présidente de France Nature Environnement pour l’Île-de-France. "C'est comme Notre-Dame-des-Landes, comme Sivens et plein d'endroits, les promoteurs de projet entament les travaux de destruction irréversibles avant que tous les recours soient étudiés : c'est scandaleux", a-t-elle ajouté. Dès mardi matin, la Fédération Française de Tennis (FFT) a entamé au cœur de ce jardin botanique classé des travaux de démolition et l'abattage de plusieurs arbres afin d'y construire un court de 5.000 places semi-enterré.
Le Conseil d'État "protège les intérêts des puissants". "C'est une très grande tristesse puisqu'on a abattu ces arbres, on a cassé ces serres qui avaient à peine 10 ans et qui avaient coûté des millions d'euros", a déploré Alexandre Gady, président de l'organisation Sites et Monuments. "Quel gâchis d'argent public pour un mauvais projet !". "J'en veux à la ville de Paris et aux monuments historiques qui ont laissé faire ça et au Conseil d'Etat qui ne protège pas les citoyens, qui protège les intérêts des puissants", a poursuivi Alexandre Gady.
Bataille judiciaire en cours. Les descendants de Jean-Camille Formigé, architecte-paysagiste emblématique de Paris qui a conçu le Jardin des Serres d'Auteuil au 19ème siècle, attaquent de leur côté le projet devant le tribunal de grande instance (TGI) de Paris au nom du "droit d'auteur". "Et nous, on a encore un recours sur le fond au tribunal administratif", a souligné de son côté Agnès Popelin.
L'Unesco dénonce le projet. Évaluant l'impact du projet, l'Icomos, conseil de l'Unesco qui oeuvre à la conservation des monuments et des sites historiques dans le monde, a jugé que ce site classé était "gravement menacé dans son intégrité paysagère et botanique" par le projet d'extension de Roland Garros.