Roubaix vend des maisons à 1 euro pour attirer de nouveaux habitants

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Carole Ferry, édité par A.D , modifié à
La ville du Nord compte se repeupler grâce à cette opération inédite en France. Mais attention : bien souvent, des travaux sont à prévoir.
L'ENQUÊTE DU 8H

Les campagnes se dépeuplent, entend-on à l'envi, tout comme certaines villes. Pour tenter d'attirer de nouveaux habitants, la ville de Roubaix, dans le département du Nord, innove en France. Elle met en vente dix-sept maisons au prix symbolique d'un euro. Les candidats pourront déposer leur dossier à partir de mercredi.

Ancienne cité ouvrière. Certaines de ces maisons au tarif imbattable se trouvent dans le quartier du Pile, un espace qui ressemble beaucoup à la rue reconstituée dans le film Bienvenue chez les Cht'its de Dany Boon. Ici, se trouve un enchaînement de petites maisons en briques rouges typiques du Nord, quasiment toutes de la même taille. En bref, c'est le cadre d'une ancienne cité ouvrière. A l'époque, il y avait l'usine, les maisons bourgeoises des contremaîtres, et derrière, les petites maisons des ouvriers. L'une d'elles est à vendre. Pour un euro, l'acquéreur aura 60m2 avec un petit jardin à l'arrière.

Depuis la crise industrielle, ce quartier, comme d'autres, se vident, les maisons sont murées d'où la volonté de la mairie d'attirer de nouveaux propriétaires, explique l'adjointe en charge du logement, Milouda Alaa : "On a parfois 2, 3, 4, parfois 10 maisons murées, ce qui dégrade la rue et aussi la qualité de vie de certains habitants. L'idée, c'est de redynamiser des pans de rue et de retrouver de la vie." Deux arguments pourraient convaincre encore davantage de potentiels futurs habitants : une crèche et un parc se construisent à côté de cette maison.

Entendu sur europe1 :
Vous ne choisissez pas le quartier, parce que le quartier d'une maison à 1 euro, c'est malfamé

"Vous ne choisissez pas le quartier". Les autres habitations sont localisées un peu partout dans Roubaix, parfois dans des quartiers très difficiles. Certaines sont magnifiques, avec des prestations qui font rêver : 150 m2 , un studio dans le jardin, une façade plutôt bourgeoise... mais ces biens nécessitent aussi beaucoup de travaux. A la sortie de l'école la plus proche, les avis sont partagés : "Vous ne choisissez pas le quartier, parce que le quartier d'une maison à 1 euro, c'est malfamé", s'exclame une femme. "Ça me fait plaisir", indique une autre, "ce sont des maisons qui doivent être réhabilitées. Ça va repeupler notre ville et relancer les commerces, les écoles et une joie de vivre qu'on avait dans le temps."

1 euros... mais des travaux. Reste qu'une maison à 1 euro avec beaucoup de travaux n'est plus vraiment une maison à 1 euro. C'est aussi la raison de leur prix de vente. Les potentiels acheteurs doivent prévoir un budget travaux compris entre 50.000 et 150.000 euros. Et également prouver, en déposant un dossier d'ici la fin du mois de mai, qu'ils ont les moyens de financer ce projet. A ces préalables, il faut encore ajouter deux conditions : être primo-accédant à la propriété et s'engager à rester six années. Pour faire son choix, la mairie a quant à elle opté pour un système de points : habiter à Roubaix donnera 5 points quand habiter à côté équivaudra à 4 points. Les sudistes eux ne comptabiliseront qu'un point. Autre facteur : les familles remporteront 5 points, alors qu'une personne seule n'en aura qu'un, etc.

Bilan mitigé. Le dispositif a déjà été mis en place à l'étranger, à Liverpool notamment, ou encore en Sicile, mais c'est une première en France. D'autres villes y réfléchissent, comme Thouars par exemple dans les Deux-Sèvres. En revanche, dans l'Hexagone, déjà, plusieurs terrains avaient été vendus à 1 euro le m2, souvent pour attirer des familles dans les villages qui risquaient de perdre leur école.

Sur place, le bilan est mitigé. Tout a bien fonctionné à Saint-Georges-la-Pouge dans la Creuse. Des terrains ont été vendus un franc il y a vingt ans, et les cinq familles et le cabinet médical qui s'étaient installés y sont toujours. A Berrien dans le Finistère, en revanche, les résultats n'ont pas été aussi concluants. Sur huit acquéreurs de terrain, une seule maison a été construite. Quasiment tous repartis, ils ont été freinés par l'impératif de construction justement et par la difficulté de trouver du travail sur place.