Des Roms ont été violemment pris à partie en Seine-Saint-Denis lundi soir, après avoir été désignés "injustement" sur les réseaux sociaux comme étant à l'origine d'enlèvements d'enfants.
Vingt personnes ont été placées en garde à vue dans la nuit de lundi à mardi en Seine-Saint-Denis après des violences visant des Roms, désignés par des rumeurs sur les réseaux sociaux comme étant à l'origine d'enlèvements d'enfants, a appris l'AFP de source policière. Lundi, à partir de 20 heures, "plusieurs rixes et violences" ont eu lieu à Clichy-sous-Bois puis à Bobigny "prenant à partie des personnes de la communauté du voyage", a indiqué cette source, confirmant une information de LCI.
À Bobigny, une cinquantaine de personnes, armées de bâtons et de couteaux, ont menacé des familles roms, et une des victimes a raconté à Europe 1 avoir été frappée, et obligée de fuir. Deux camionnettes blanches ont par ailleurs été brûlées. À Clichy-sous-Bois également, une vingtaine d'individus ont délogé de leurs squats des gens du voyage. Ces derniers ont dû trouver refuge dans un supermarché, le temps que la police arrive, sans quoi ils se seraient fait lyncher.
Des rumeurs infondées d'enlèvements d'enfants
Ces violences font suite à la multiplication, sur les réseaux sociaux, de messages alarmants évoquant des tentatives d'enlèvements d'enfants ou adolescents par des personnes circulant en camionnette blanche dans plusieurs localités d’Île-de-France, en particulier des Hauts-de-Seine et de Seine-Saint-Denis. Évoquant une "rumeur infondée", la préfecture de police (PP) a affirmé mardi "qu'aucun enlèvement, ni dans les Hauts-de-Seine, ni en Seine-Saint-Denis" n'était "avéré".
Lundi, la préfecture avait déjà tweeté un message avec le hashtag "#FakeNews", appelant à ne plus relayer la "fausse information" selon laquelle "une fourgonnette blanche circule entre les villes de Nanterre et Colombes pour enlever des jeunes femmes".
Des précédents
"Suite au partage de cette rumeur sur les réseaux sociaux, deux personnes ont été injustement accusées puis lynchées", a-t-elle souligné. Le 16 mars à Colombes, une vingtaine de jeunes avaient pris à partie les occupants d'une camionnette blanche, selon une source policière. Les deux hommes, légèrement blessés, avaient réussi à s'extirper du véhicule pour se réfugier dans un hall d'immeuble. Ils n'ont pas porté plainte.
En Seine-Saint-Denis, le commissaire de Clichy-sous-Bois/Montfermeil, David Moreira, avait adressé lundi un communiqué aux communes de son secteur, que certaines ont diffusé sur leur site Internet. Il appelait à la "prudence car une certaine psychose commence à s'installer". Les "nombreux signalements" reçus par les services de police "sont analysés avec la plus grande précaution", indique une source proche du dossier, insistant sur le fait qu'il n'y avait "pas de cas avéré d'enlèvement de mineurs par des Roms" dans le département.