L'attaque lancée mardi contre une église en Normandie a confirmé la crainte des autorités françaises de voir des lieux de culte être pris pour cible. "Ce sont les catholiques qui ont été frappés mais ce sont tous les Français qui se sentent concernés", a déclaré François Hollande à Saint-Etienne du Rouvray (Seine-Maritime), où un prêtre a été tué par deux hommes armés se réclamant de l'Etat islamique.
1.227 sites chrétiens protégés sur… 45.000. "Nous devons être dans une cohésion, un ensemble, un bloc que personne ne doit pouvoir fissurer", a ajouté le chef de l'Etat, précisant qu'il réunirait mercredi la conférence des représentants des cultes en France. La question de la protection des lieux de culte a émergé quelques jours seulement après les attentats de janvier 2015 contre Charlie Hebdo et une supérette cacher, qui ont poussé les autorités à lancer l'opération Sentinelle. Quelque 1.227 sites chrétiens sont actuellement protégés via ce dispositif de surveillance de lieux sensibles qui mobilise forces de sécurité intérieure et militaires. Un millier de sites musulmans font également l'objet de surveillance ainsi que 794 sites juifs. Pour rappel, la France compte sur son territoire 45.000 églises paroissiales, 4.000 lieux de culte protestants, 2.450 mosquées et 420 synagogues, selon un rapport sénatorial en date de 2015.
La menace pesant sur les lieux de culte catholiques s'était concrétisée en avril 2015, lorsque la police avait annoncé avoir déjoué un projet d'attentat contre une église à Villejuif (Val-de-Marne). Trois mois plus tard, en juillet 2015, le groupe Etat islamique, qui a revendiqué l'attaque de mardi, appelait dans son magazine Dar al Islam à viser les "endroits fréquentés", citant entre autres les églises.
Un état des lieux dressé toutes les semaines. Selon un récent rapport parlementaire sur les moyens de lutte contre le terrorisme, le choix des sites à protéger s'est fait en concertation avec les préfets et les autorités cultuelles locales. Un état des lieux est adressé toutes les semaines à la mission de protection des lieux de culte. A deux reprises l'an dernier, pour les fêtes chrétiennes du 15 août et de Noël, des instructions ont été données aux préfets et aux forces de police et de gendarmerie pour renforcer la vigilance autour des églises.
Le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve mettait notamment en garde contre des "modes opératoires nouveaux" et des cibles "de plus en plus diversifiées", soulignant l'exceptionnelle force symbolique" que constituerait une attaque contre une église. "Il y avait un symbole qui était fort : un prêtre en train de dire la messe", a estimé mardi Alexandre Joly, curé à Grand-Quevilly, une ville située non loin de Saint-Etienne du Rouvray.