Le rapport de l’Inspection générale de la police nationale (IGPN), dévoilé lundi en exclusivité par Europe 1, montre une large hausse du nombre d’enquêtes visant des policiers. Selon Brigitte Jullien, la directrice de la "police des polices", cela montre que l’instance fonctionne bien, et que la police ne protège pas ses membres.
Dans le contexte d’un mouvement mondial contre le racisme, notamment venant de policiers, c’est un document forcément attendu. Europe 1 a révélé lundi le rapport annuel de l’Inspection générale de la police nationale (IGPN), qui montre une hausse de 23,7% du nombre d’enquêtes, dont plus de la moitié porte sur des violences. "C’est un effet 'gilets jaunes' et un effet de saisines plus importantes des parquets", analyse en exclusivité lundi matin Brigitte Jullien, la directrice de l’IGPN, sur Europe 1. "C’est aussi un peu la conséquence du professionnalisme de l’IGPN, reconnu par les procureurs de la République, qui nous ont saisi sur ces affaires de violences commises lors du maintien de l’ordre."
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Auprès du grand public, l’IGPN est parfois accusée de blanchir un maximum de policiers attaqués. "L’IGPN ne sanctionne pas, ne juge pas. L’IGPN travaille factuellement, elle travaille sur des faits, elle fait des enquêtes. C’est l’autorité hiérarchique qui sanctionne. Ce sont les magistrats qui jugent et qui condamnent. Dire que l’IGPN blanchit, c’est faire injure à ces policiers qui travaillent de manière professionnelle au sein de l’IGPN", réagit Brigitte Jullien. "L’IGPN est à la disposition du public et de la population pour faire la lumière sur les actions de policiers. Saisissez-nous, parce que nous avons prouvé que nous ne gardons pas les policiers qui ne sont pas dignes d’être avec nous. Nous ne refusons aucune plainte, et nous prenons toutes les plaintes."
Le rapport fait état de 1.460 enquêtes judiciaires ouvertes l’an passé, contre 1.180 procédures en 2018, soit une hausse de 23,7%. "Sur les allégations de violences volontaires, on a 868 affaires sur les 1.460 affaires judiciaires, soit 59% des affaires. C’est vrai que c’est plus de la moitié de nos affaires judiciaires portent là-dessus", précise Brigitte Jullien. "Certes il y a eu les gilets jaunes, mais progressivement, dans les manifestations, même si elles ont été importantes, il y a eu moins d’usage des armes faites par les policiers", relève-t-elle tout de même.
"Ce n'est pas parce qu'il y a des gens qui dérapent..."
Quant aux saisines directes des citoyens, "les griefs les plus souvent cité sur la plateforme de signalement, ce sont les comportements jugés brutaux, de 32%, qui est en hausse. Le manque de respect de courtoisie, c’est 20%, souvent c’est lors des contrôles routiers. Et le refus de prendre une plainte, l’absence de considération du statut de victime, ça c’est 15%, c’est en baisse", précise encore Brigitte Jullien.
Enfin, les accusations de racisme qui remontent à l’IGPN restent marginales. "Nous avons eu en 2019 30 enquêtes judiciaires portant sur des accusations de racisme. Mais même si l’IGPN n’a que trente enquêtes judiciaires dans ce domaine, toutes les affaires de cette nature, la plupart du temps sont traitées par la hiérarchie locale", explique la directrice la "police des polices". "Je pense que le ministre a été très clair là-dessus. Ces comportements ne sont pas acceptables. Mais ce n’est pas parce qu’il y a des gens qui dérapent que la police nationale doit être jugée sur ces dérapages", conclut Brigitte Jullien.