Depuis vendredi, l'usine Lactalis de Craon dans la Mayenne, où a été fabriquée la poudre de lait contaminée à la salmonelle, est stoppée et passée au peigne fin. Un arrêté préfectoral lui impose de mettre en place des "mesures correctives" avant de redémarrer sa production. Une partie du personnel est chargée d'opérations de nettoyage et de désinfection renforcées. Sur place, aucun des 550 salariés ne s'aventure à parler. "Je n'ai pas de commentaires à faire, on gère au quotidien", balaye l'un d'eux interrogé par Europe 1. Mais chez certains éleveurs laitiers, les langues se délient.
Lactalis "a laissé filer". À 200 km de Craon, dans un autre département, Frédéric, un ancien producteur de Lactalis, est beaucoup plus disert. Il se dit persuadé que le groupe laitier était au courant de la contamination depuis longtemps. "Ça me met hors de moi. Il ne faut pas me faire croire qu'il n'y a pas eu d'analyses de faites depuis des mois et des mois. Je pense qu'ils savaient pertinemment que les souches de salmonelle présentes n'étaient pas mortelles. Donc ils ont laissé filé. S'il n'y avait pas eu ces cas décelés de bébés malades, je pense qu'on ne l'aurait jamais su, cette contamination serait restée cachée".
Une trentaine de pays touchés. D'après le directeur général de la santé, des prélèvements internes en août et en novembre dans un tour de séchage - par sur les produits eux-mêmes - s'étaient révélés positifs aux salmonelles. Lactalis assure n'en avoir eu connaissance que la semaine passée. Au total, plus de 10 millions de boites de lait infantile ont été retirées de la vente. Si la majorité se concentre en France, une trentaine de pays sont aussi touchés, selon le réseau d'alerte alimentaire européen (RASFF). Parmi eux, l'Espagne, la Grèce, l'Ukraine, le Maroc, mais aussi la Chine, le Pérou et huit pays africains. Selon la direction générale de la santé, 25 cas de nourrissons malades ont été signalés, et certaines familles envisagent désormais de porter plainte contre le géant mondial.