La région Ile-de-France a validé mardi un fonds "grand froid" de 100.000 euros pour les sans-abris, annoncé par la présidente Valérie Pécresse (LR) en pleine vague de froid, un montant qualifié d'"indigent" par l'opposition. Celle-ci dénonce le "désengagement massif" en faveur des plus démunis.
Un dispositif calqué sur un modèle nord-américain. Dans une déclaration d'intention figurant en annexe, la majorité régionale a accepté de "réfléchir à la manière dont la région peut s'inscrire" dans le programme 'Un toit d'abord', qui faisait l'objet d'un amendement défendu par l'écologiste Julien Bayou. Elle ne l'a toutefois pas inscrit au budget 2017. Pour l'élu écolo, ce dispositif, en oeuvre aux État-Unis et au Canada, "a démontré que loger les SDF gratuitement et sans condition revenait moins cher que de les laisser à la rue en leur portant assistance ponctuellement, en particulier s'agissant des personnes présentant des troubles psychiatriques liées à la rue". "Ce serait intéressant que la région s'engage dans ce domaine", a dit Valérie Pécresse.
"C'eut été un beau geste". Julien Bayou a lancé une pétition en faveur de ce dispositif qui a recueilli 2.175 signataires depuis vendredi soir. Il a fait part de sa "vraie déception" après la décision de la région. "C'eut été un beau geste", a-t-il dit, en pleine vague de froid et alors que viennent d'être célébrés les 10 ans de la mort de l'Abbé Pierre. Son groupe, comme le Front de gauche et le PS, ont contesté à plusieurs reprises, via de nombreux amendements, la suppression par la majorité régionale, depuis 2016, du dispositif de soutien aux centres d'accueil et d'hébergement pour personnes sans abri.
La "précarité grandissante" des Franciliens. "Cette décision est la conséquence de vos choix politiques (au niveau national, ndlr), avec la loi NOTRe (Nouvelle Organisation Territoriale de la République)", qui a fait de l'hébergement d'urgence une compétence de l'Etat, a dit Farida Adlani, vice-présidente en charge de l'action sociale. "Vous n'hésitez pourtant pas à mettre des millions sur des prérogatives qui ne sont pas directement de la région, comme la sécurité", a rétorqué l'élue FDG Clémentine Autain. "Nous sommes sensibles à la précarité grandissante des Franciliens", a affirmé Farida Adlani informant, que, outre les 100.000 euros dégagés en urgence, la région "agit à travers le Fonds régional de solidarité et de soutien aux familles (soutien aux femmes en difficulté, aux structures d'aide alimentaire, etc.)" et "l'innovation sociale".
La majorité a accepté, à l'initiative du groupe Modem, d'augmenter de 500.000 euros le soutien régional aux femmes en difficulté, et de mettre en place des "impact social bonds" (investissement à impact social). Le dispositif permet de "lever des fonds privés pour mener des actions sociales".