Alors que le directeur de Sciences Po Paris avait interdit la tenue d'une conférence de l'eurodéputée LFI Rima Hassan consacrée à la Palestine, le tribunal administratif a ordonné vendredi son maintien. L'école fait savoir dans un communiqué qu'elle "fera appel de cette décision".
Le tribunal administratif de Paris a ordonné vendredi à Sciences Po Paris de laisser se tenir une conférence de l'eurodéputée de La France insoumise, la Franco-Palestinienne Rima Hassan, dans un premier temps interdite par l'école. "Les juges des référés du tribunal administratif de Paris enjoignent à Sciences Po Paris de permettre la tenue de cette conférence dans des conditions garantissant son bon déroulement et de nature à prévenir les risques de troubles à l'ordre public", écrit le tribunal dans un communiqué.
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Sciences Po va faire appel
Sciences Po Paris a fait savoir dans un communiqué que l'école "fera appel de cette décision". "Alors qu'un appel à manifester devant Sciences Po a été lancé quelques minutes après la décision du tribunal administratif par le 'comité Palestine' et 'urgence Palestine', le risque de trouble à l'ordre public semble caractérisé", estime Sciences Po Paris. Selon l'école, "la liberté d'expression est pleinement assurée à Sciences Po, elle ne saurait se traduire par un droit à y causer des troubles".
La conférence, intitulée "Perspectives humanitaires, juridiques et géopolitiques sur un embargo sur les armes à Israël", organisée par l'association Students for justice (SJP), devait initialement se tenir ce vendredi. "Immense victoire", a réagi vendredi sur X Rima Hassan. "Il est enjoint à l'IEP de Paris de trouver une nouvelle date", a aussi indiqué sur X son avocat Vincent Brengarth.
"Aucun élément circonstancié" n'amène à envisager des violences
Le directeur de Sciences Po n'avait pas autorisé cette conférence en invoquant un risque d'atteinte à l'ordre public. Dans son ordonnance, le juge des référés "estime qu'aucun élément circonstancié ne permet de considérer que cette conférence, dont le sujet est technique et pour laquelle les organisateurs ont prévu différentes méthodes de maintien de l'ordre, inciterait les étudiants à recourir à des actions illégales pour exprimer leurs convictions".
Il considère également "qu'en l'absence d'appel à des contre-manifestations et au regard du déroulement des précédentes conférences sur la Palestine, le directeur de l'IEP pouvait, en recourant à d'autres mesures de police, éviter les heurts éventuels avec des personnes hostiles à Rima Hassan". Il en conclut "qu'en interdisant la conférence projetée, le directeur de l'IEP de Paris a porté une atteinte grave et manifestement illégale à la liberté d'expression et de réunion garantie aux usagers du service public de l'enseignement supérieur".
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Pour Me Brengarth, c'est "la confirmation que la décision prise était illégale. Le juge administratif a assuré son rôle de gardien des libertés à un moment où les expressions relatives à la Palestine sont trop souvent censurées en dépit de la situation d'extrême gravité à Gaza", a-t-il souligné dans une déclaration à l'AFP.
D'autres établissements ont interdit la tenue de conférence par la juriste de 32 ans, élue de LFI au Parlement européen, comme l'université de Lille, Paris-Dauphine (une annulation finalement interdite) et cette semaine, Strasbourg.