Pour les sans-abri, la situation ne cesse de se dégrader. En 2014, ils ont été 4% de plus qu'en 2012 à solliciter un hébergement auprès du 115, le numéro d'urgence des SDF. Les femmes et les enfants sont de plus en plus nombreux à appeler, mais près de la moitié des demandes n'aboutissent pas.
Plus de 771.500 demandes. Dans le détail, ce baromètre du 115, présenté par la Fédération nationale des associations de réinsertion sociale (Fnars), note qu'en 2014, plus de 771.500 demandes ont été faites par 97.600 sans-abri, dans 37 départements. En comparaison avec l'année 2013, ces demandes se sont réduites de 5%, mais cet infléchissement semble surtout résulter des nombreux renoncements au printemps de la part de SDF, en raison de la fermeture de places hivernales, souligne Florent Gueguen, directeur général de la Fnars.
Alors qu'en moyenne le 115 recevait 51.200 demandes mensuelles en 2012, ce chiffre est passé à 64.300 en 2014. Une progression qui s'explique non seulement par la hausse du nombre de sans-abri ayant sollicité le 115 (+4%, soit 3.500 personnes supplémentaires), mais aussi par un plus fort renouvellement des demandes, lié aux nombreuses réponses négatives et aux faibles durées des accueils (souvent une seule nuit).
Plus de mineurs et plus de femmes. Autre enseignement de ce baromètre : les hommes seuls constituent toujours la majorité du public, mais "on constate une hausse inquiétante des demandes des familles et des mineurs", selon Florent Gueguen. Les familles représentent en effet désormais 39% du public (+16%), avec des appels en forte hausse (+34%), et plus de 20.600 mineurs (+18%) ont été concernés par un appel au 115. Les femmes seules sont aussi plus nombreuses (+6%), avec des demandes qui ont augmenté de 30%.
Et près de la moitié des sans-abri qui ont demandé un hébergement, soit "près de 48.000 personnes", n'ont jamais obtenu de solution malgré leurs sollicitations (+14% par rapport à 2012). Un chiffre "énorme", qui ne concerne qu'"une partie du territoire", hors Paris, souligne Florent Gueguen. Seule une minorité (17%) a été systématiquement hébergée, et 34% ont eu des réponses partielles. Sans surprise, la principale cause des réponses négatives (77%) est l'absence de places disponibles.