Au lac de Sainte-Croix, dans les gorges du Verdon, le niveau d'eau baisse de 20 centimètres par jour. C'est le résultat du pompage de l'eau, couplé avec un phénomène d'évaporation intense. "Pour nous, c'est critique", lance Léa Sartirano, gérante de Crystal Nautic, sur Europe 1. "Tous les matins, on descend 20 mètres de berge, on met notre matériel à l'eau et le soir, on doit tout remonter. C'est seulement notre deuxième année d'exploitation, on ne s'est toujours pas versé de salaire."
À Crystal Nautic, le personnel aimerait que le pompage d'eau se fasse de manière plus équitable sur l'ensemble des retenues d'eau artificielles. Mais ce que Léa voudrait surtout rappeler, c'est que le lac reste praticable. "Depuis la fermeture d'une partie des gorges, on enregistre - 80% de fréquentation. Le lac de Sainte-Croix, ce sont 2.200 hectares à visiter", précise-t-elle.
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Des répercussions économiques sur l'ensemble du Verdon
À quelques kilomètres de là, au lac artificiel d'Esparron, les professionnels souffrent aussi d'une baisse de fréquentation. Pourtant, il ne manque pas une goutte d'eau, explique Sylvain Berne, gérant de Verdon Canoë Paddle. "Le bas et le moyen Verdon sont moins connus que le haut Verdon", indique-t-il. "Quand on communique sur 'le Verdon', le vacancier ne fait pas la différence entre Esparron, Sainte-Croix ou le lac de Castillon. Depuis la diffusion des images des gorges à sec, la baisse de fréquentation est concrète pour toute cette zone géographique", déplore Sylvain.
Le gérant craint donc des saisons à venir difficiles : "La prise de conscience sur le changement climatique doit être globale. Mais on voudrait éviter la double peine : qu'à la sécheresse s'ajoutent les difficultés économiques pour tout notre secteur."
Les prélèvements baisseront de 10 à 20%
La société du canal de Provence (SCP), qui exploite les lacs artificiels le long du Verdon pour alimenter en eau toute la Provence en aval, assure que les prélèvements baisseront de 10 à 20%, sur demande du conseil régional. "L'objectif, c'est une solidarité entre l'amont, le château d'eau qu'est le massif alpin, et l'aval, notamment le pourtour méditerranéen", détaille Jean-Marc Philip, directeur commercial et innovation à la société Canal de Provence. "Ce sera une réponse à cette situation exceptionnelle de l'année 2022."
SCP envisage de mettre à contribution le barrage Bimont à Aix-en-Provence, ainsi que de s'appuyer sur les ressources du bassin de l'Arc, qui prend sa source dans le Var. Toutes les communes alimentées par ces retenues artificielles n'ont pas connu de pénurie d'eau courante cet été. Avec le tarissement de certaines sources locales, de nouvelles communes pourraient avoir besoin de puiser dans les lacs artificiels.