La lutte contre le harcèlement de rue se mène sur tous les fronts. L'un des combats majeurs de Marlène Schiappa au gouvernement est désormais entre les mains d'Elisabeth Moreno, la ministre chargée de l'Egalité entre les hommes et les femmes. Depuis août 2018 et la mise en place d'un délit d'outrage sexiste, 2.650 infractions ont été constatées et autant d'amendes adressées aux auteurs, allant de 90 à 1.500 euros en cas de circonstances aggravantes. Mais pour venir en aide aux femmes plus concrètement et les rassurer, des applications pour smartphone voient le jour.
Plusieurs applications, plusieurs méthodes
Quand elle rentre chez elle le soir, Nicole, 18 ans, n'est jamais sereine à l'idée de croiser un groupe d'hommes. "Il y a eu déjà des regards, des murmures, des 'qu'est-ce que tu fais là toute seule petite poulette, tu t'es perdue ?'" Pour répondre à ses appréhensions, elle a fini par télécharger l'application Sekura, qui permet en un clic d'alerter et d'envoyer sa géolocalisation à l'une de ses amies. Un dispositif qu'elle juge "rassurant".
Sekura enregistre environ 500 téléchargements par semaine, mais ce n'est pas la seule application de ce genre. Dans la liste, on retrouve aussi QuiVive, Street alert ou The Sorority. Cette dernière, lancée il y a six mois, s'appuie sur une communauté de près de 11.000 femmes. En cas d'alerte, l'utilisatrice est mise en relation avec d'autres se trouvant a proximité.
Un contrôle strict...
La fondatrice de The Sorority, Priscillia Routier Triard, explique que l'objectif de ces outils est que le harcèlement de rue s'arrête. "C'est un sujet qui est tellement vaste et ancré dans notre quotidien. Il faut multiplier les initiatives et les personnes qui travaillent dessus. Surtout, ça prouve qu'il y a une prise de conscience."
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Pour pouvoir fonctionner efficacement, Sorority doit s'assurer d'avoir une communauté sûre. Aussi, un contrôle strict est effectué. Près des deux tiers des demandes d'inscription sont rejetées. Toutefois, le risque est que ce travail ne soit pas correctement effectué.
...mais parfois défaillant
C'est ce sur quoi met en garde Diarata N'Diaye, qui a créé il y a six ans l'appli App-Elles, téléchargée plus de 50.000 fois. Selon elle, "il y a une différence entre vouloir agir en soutien des victimes et avoir les bons réflexes".
"C'est un vrai sujet sur lequel il faut se pencher et définir des règles parce que ces applications sont censées venir en soutien et pas créer ou aggraver des situations", estime-t-elle encore. La représentante associative a d'ailleurs fait part de ses craintes à la ministre Elisabeth Moreno et doit lui remettre un rapport dans les mois prochains.