"J'étais très heureuse parce que je n'acceptais pas que l'on soit, nous, personnes âgées, mises à l'écart", souffle Christiane, 73 ans. Alors qu'une mise au point sur le déconfinement des personnes âgées a été effectuée vendredi soir par l'Élysée, celle-ci se dit heureuse, après avoir été profondément blessée, au micro d'Europe 1.
Lors d'une audition au Sénat, mercredi, le président du Conseil scientifique, Jean-François Delfraissy, avait estimé que "18 millions de personnes" - les plus à risque de développer une forme grave de Covid-19 - devraient rester confinées après le 11 mai. Des recommandations assimilées à de la discrimination qui ont fait enfler la polémique.
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"Qu'est-ce qu'on a fait ?"
"Ça m'a fait souffrir, ça m'a mise très très mal", confie Christiane, caractérisant cela de "discrimination totale". Sur Europe 1, jeudi, le docteur Axel Khan, médecin généticien et président de la Ligue contre le cancer, avait lui-même affirmé que maintenir en confinement certaines personnes sous prétexte qu'elles sont à risques serait une mesure inconstitutionnelle et discriminatoire.
"Qu'est-ce qu'on a fait ?", se demande encore Christiane. "On a vécu toute notre vie, on a fait tout notre devoir, et maintenant on va être discriminés à ne pas voir nos enfants et nos petits-enfants, à ne pas pouvoir faire nos courses sans avoir le cœur qui bat parce qu'on a peur de tout ?"
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"Notre génération respecte les consignes"
Voyant "monter le débat sur la situation de nos aînés", le président français Emmanuel Macron a tenu à effectuer une mise au point, précisant ne pas souhaiter de discrimination des personnes âgées dans le cadre du déconfinement progressif annoncé après le 11 mai. Dans un communiqué, publié vendredi soir, l'Élysée a indiqué qu'elle "en appellera à la responsabilité individuelle" de chacun.
"Il faut faire attention, bien évidemment, mais il faut que tout le monde fasse attention", estime Christiane. "Nous, on a le recul nécessaire pour savoir que l'on ne va pas se mettre en danger", poursuit-elle. "On n'est pas des enfants, on comprend les consignes et notre génération respecte ces consignes".