Séparatismes : l'imam Hassen Chalghoumi salue un discours "courageux et responsable"

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Romain David , modifié à

Invité samedi d’Europe 1, l’imam Hassen Chalghoumi, président de l'association culturelle des musulmans de Drancy, a salué la prise de parole d’Emmanuel Macron vendredi, sur "les séparatismes". Il estime que le chef de l’Etat a le courage de s’attaquer de front au sujet ultra-sensible de la radicalisation.

Emmanuel Macron s’est attaqué vendredi à un dossier sensible, qui lui a longtemps valu d’être taxé de laxisme par la droite. Lors d’un discours sur les "séparatismes" au sein de la République, le chef de l’Etat a fait plusieurs annonces marquantes, visant notamment à lutter contre la radicalisation islamiste ; il entend notamment porter un coup de frein à la scolarisation à domicile et renforcer l’encadrement des associations. "C’est un discours courageux, responsable, ni le discours de peur de l’extrême droite, ni un discours victimaire d’extrême gauche", a tenu à saluer samedi, au micro d’Europe Matin, l’imam de Drancy Hassen Chalghoumi, l'une des figures médiatiques de la communauté musulmane.

Pourtant, le discours d’Emmanuel Macron, même s’il a été salué par une partie de la droite, a suscité de vives critiques à gauche de l’échiquier politique. Ainsi, la député européenne La France Insoumise Manon Aubry a dénoncé sur Twitter un discours centré sur l’islam "de manière obsessionnelle". Elle estime encore que le président de la République "stigmatise les musulmans […] pour tenter de masquer sa gestion calamiteuse de la crise sanitaire et sociale". "Je n’ai pas été indigné par ce discours", répond Hassen Chalghoumi. "Si le chef de l’Etat ne prend pas cette responsabilité, qui va la prendre ?", interroge-t-il.

"Les Français de confession musulmane ont besoin d’être protégés"

Le monde associatif a également fait part de son indignation aux annonces d’Emmanuel Macron. À titre d’exemple, le président de la Ligue des droits de l’homme, Malik Salemkour, évoque une "inflexion profondément inquiétante". Sur Twitter, des collectifs de lutte contre le racisme et l’islamophobie ont lancé le hashtag #Levraiséparatisme pour dénoncer un discours politique qu’ils estiment susceptible d’entretenir les clivages au sein de la société. "Réveillez-vous !", lâche Hassen Chalghoumi. "Les Français de confession musulmane ont besoin d’être protégés, ont besoin d’autorité. On a besoin de la vigilance. Combien de familles pleurent leurs enfants partis en Syrie et en Irak ? Combien de familles sont victimes de leurs enfants et de leur environnement ?", relève-t-il.

Parmi les mesures les plus fortes énoncées par Emmanuel Macron : la fin de la scolarisation à domicile, hors raisons de santé. Une disposition que salue plus particulièrement Hassen Chalghoumi. "La vigilance est là. Les islamistes savent très bien commencer l’endoctrinement dès le bas âge", alerte-t-il, évoquant un "lavage de cerveau". "Voir dans certains départements des petites filles de cinq ans porter le voile est une honte dans une République !", dénonce encore celui qui qui gère la mosquée Al-Nour.

Déconnecter la formation des imams des influences étrangères

Autre point soulevé par le chef de l’Etat et approuvé par l’imam de Drancy : la nécessité de former des imams en France. "Cela fait plus de quinze ans que je parle de la formation des imams. Libérez les imams, donnez-leur l’indépendance pour avoir des imams républicains et français", insiste Hassen Chalghoumi. Il estime toutefois que la méthode présentée par le président n’est peut-être pas la meilleure : "L’ingérence étrangère est forte, et c’est la raison pour laquelle j’ai un désaccord avec le président. Il veut confier ça au Conseil français du Culte musulman. Or, le CFCM incarne l’islam politique et l’islam des pays étrangers, parce que l’on y trouve l’UOIF, des Turcs, mais aussi le Maroc et l’Algérie", avertit ce responsable religieux.