"On pense à tous ceux qu'on a perdu, on pense aux proches qui ont perdu quelqu'un. On pense aux blessés, on pense à ceux qui n'ont pas de blessures apparentes". Invitée jeudi d'Europe Matin, l'ancienne avocate Sigolène Vinson, ex-chroniqueuse judiciaire pour Charlie Hebdo et rescapée de l'attentat du 7 janvier 2015, s'est confiée sur la manière dont elle vivait cette date, six ans jour pour jour après la mort de douze personnes dans l'attaque perpétrée par les frères Kouachi, onze d'entre elles ayant été tués dans les locaux de l'hebdomadaire satirique.
"Les années passant, les autres attentats ne provoquent plus les mêmes réactions"
Alors qu'elle se consacre désormais à l'écriture, Sigolène Vinson explique s'être beaucoup investie dans le procès des complices de cet attentat, qui s'est clôt mi-décembre, ce qui lui a apporté une forme de soulagement auquel elle ne s'attendait pas. "J'ai découvert que ça faisait du bien de déposer son bagage au pied de la justice", lâche-t-elle. "En tant qu'avocate, évidemment, j'étais plutôt toujours du côté de la défense de l'accusé. Je ne comprenais pas bien le droit des victimes", avoue-t-elle. "Et là, j'ai vu toute l'importance que ça pouvait avoir pour une partie civile, pour une victime d'assister à un procès d'assises."
Six ans plus tard, le traumatisme lié au drame de janvier 2015 se fait un peu moins oppressant. "Chaque attentat me touche toujours beaucoup. Cela me bouleverse à chaque fois. Mais les années passant, ça ne provoque plus les mêmes réactions", glisse-t-elle. "Ça ne me ramène plus aux images de l'attentat que j'ai vécu, moi. Ce n'est pas comparable, par exemple, à ce que j'ai vécu les deux ou trois premières années, lors desquelles un attentat me renvoyait systématiquement à la date du 7 janvier 2015."
Un roman sur... la dentition de George Harrison
Sigolène Vinson publie La Canine de Georges, aux éditions de l'Observatoire, un roman consacré au guitariste des Beatles, George Harrison. De manière un peu surprenante, elle s'interroge sur la dentition proéminente du chanteur comme clé de son talent. "Je me suis demandée si cette canine ne prédéterminait pas son talent. Aurait-il écrit ses chansons de la façon dont il les a écrites s'il avait eu les dents bien droites ? Est ce que ces chansons ne sont pas écrites parce qu'il a cette dent ? Lui donne-t-elle cette voix là, Cette façon de parler ou de chanter ?", sourit Sigolène Vinson.
À rebours du traditionnel duel McCartney-Lennon, s'est à George Harrison que va sa préférence chez les "Fab Four". je pense que c'est sa voix, surtout, qui me touche le plus. J'ai l'habitude de dire qu'il y a une cicatrice dans la voix de George Harrison. Il y a autant de peines que de joies mêlées dans sa voix."