Les violences sexuelles touchent tous les domaines et celui de la santé ne fait pas exception. Dans son livre Silence sous la blouse (Fayard), la journaliste Cécile Andrzejewski compile les témoignages de femmes qui ont subi agressions ou harcèlement sexuel dans le milieu hospitalier.
"Les auteurs sont couverts par la hiérarchie". Des propos déplacés, des propositions indécentes, des caresses, des baisers forcés... L'ouvrage de Cécile Andrzejewski raconte les agressions subies par des infirmières, aides-soignantes et autres médecins sur leur lieu de travail mais aussi l'omerta qui règne dans le milieu de la médecine. "À chaque fois, elles [les victimes] sont agressées, témoignent, mais les auteurs sont couverts par les collègues, la hiérarchie", a expliqué l'auteure au Parisien.
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Lorsque Justine, une infirmière du Sud de la France interrogée par le quotidien, a raconté à sa supérieure qu'un neurochirurgien l'avait embrassée de force, on lui a répondu d'aller demander à son agresseur de ne plus recommencer et de ne pas en parler à son mari. "Les maris jaloux, ça fait toujours des problèmes", a-t-elle rapporté. L'infirmière a néanmoins déposé plainte et changé d'hôpital un an plus tard.
Un monde médical sous domination masculine. "Ce déni est une façon de se protéger, car parler de ce problème est considéré comme trop violent", reconnaît Perrine Millet, gynécologue-obstétricienne et président de l'association Un maillon manquant, dans les colonnes du Parisien.
En 2017, 446 établissement ont tout de même recensé 22.048 signalements, soit une augmentation de 25,3% par rapport à l'année précédente.
Des affiches pour rappeler les limites. De son côté, l'Intersyndicale nationale des Internes (Isni) a révélé en 2017 que 61% des étudiantes en médecine étaient victimes de sexisme. Son président, Antoine Reydellet annonce que "dès le printemps, nous allons monter au créneau". L'Isni va placarder des affiches dans les CHU rappelant clairement les limites. "L'une d'elles expliquera qu'une main aux fesses, ce n'est pas être lourd, c'est du harcèlement !", détaille-t-il. "Et dans chaque cas type décrit, les peines encourues seront mentionnées".
La ministre a, elle aussi, été concernée. La ministre de la Santé, elle-même, a confié avoir été victime de "comportements très déplacés" lorsqu'elle était hématologue à l'hôpital Necker. "Des chefs de service qui me disaient : 'Viens t'asseoir sur mes genoux.' Des choses invraisemblables... qui faisaient rire tout le monde", a raconté Agnès Buzyn en octobre 2017.