Deux policiers de la brigade anticriminalité d'Aubagne ont été condamnés vendredi à Marseille à six mois de prison avec sursis pour des violences commises sur un adolescent de 15 ans. Le 18 janvier 2020, sur un parking désert d'un centre commercial, un groupe de jeunes gens avait pris la fuite à l'arrivée d'une voiture banalisée avec quatre hommes à bord qu'ils n'identifiaient pas comme des policiers.
"Tu vas braquer le McDo pour nous"
Lors d'une course-poursuite, la victime, un garçon âgé de 15 ans, avait fini par se mettre à genoux et avait reçu un coup de pied avant de lever les bras en disant : "Je fais tout ce que vous voulez". Un des policiers lui avait alors répondu par des propos à caractère sexuel et, dans la voiture où il avait été contraint de monter, le fonctionnaire de police avait lancé à l'adolescent : "On t'amène à Cassis et tu vas sauter du cap Canaille", une très haute falaise. "Maintenant, tu vas travailler pour nous" ou "Je te mets une cagoule, je te donne un flingue et tu vas braquer le McDo pour nous", lui ont également dit les fonctionnaires.
La jeune victime qui a avoué avoir eu la peur de sa vie avait fini par comprendre qu'il était avec des policiers en apercevant un talkie-walkie. Il avait été déposé sur le parking.
Les deux prévenus avaient contesté les propos menaçants et humiliants tout en reconnaissant les manquements tels que ne pas avoir fait usage du gyrophare dans la poursuite ni de brassards de police. Ils n'avaient pas non plus dressé de rapport d'intervention ni contrôlé l'identité du mineur. Le visionnage des vidéosurveillances devant le tribunal montrait qu'aucun des deux prévenus n'était l'auteur du coup de pied, attribué par le tribunal dans son jugement à un de leurs collègues qui n'a pas été poursuivi.
"Un acte isolé dans leur parcours professionnel"
"Ces agissements caractérisent bien des violences", a relevé le tribunal, selon lequel "le comportement [des policiers] a eu pour effet d'intimider et d'impressionner la victime, un adolescent de 15 ans, d'autant que les faits se sont déroulés dans la nuit et dans un endroit isolé". Estimant que les prévenus ont "outrepassé les prérogatives de leur fonction et ont effrayé un mineur sans raison", le tribunal a noté néanmoins que ce dérapage constituait "un acte isolé dans leur parcours professionnel". C'est la raison pour laquelle la condamnation ne sera pas inscrite au bulletin numéro 2 de leur casier judiciaire.