Le parquet a requis vendredi six mois de prison avec sursis contre le trompettiste franco-libanais Ibrahim Maalouf, jugé devant le tribunal de Créteil, dans le Val-de-Marne, pour agression sexuelle sur une collégienne de 14 ans. Le jugement sera rendu le 23 novembre.
Ibrahim Maalouf, 33 ans au moment des faits. Selon la version de la jeune femme, aujourd'hui âgée de 18 ans, le musicien l'aurait embrassée une première fois un soir à la sortie d'un cinéma. Un "baiser avec la langue" selon elle, un "bisou", selon Ibrahim Maalouf, 33 ans à l'époque, en 2013. Pour lui, c'est la jeune fille qui en était à l'origine. "Je lui ai pris les poignets, je me suis éloigné d'elle, sans la brusquer". Deux jours plus tard et selon la version de la jeune fille, le musicien l'aurait à nouveau embrassée, dans son studio d'enregistrement cette fois, où elle faisait un stage. Il l'aurait "attrapée par le bassin", mimant un acte sexuel. "Je sentais son sexe derrière moi sur mes fesses", avait-elle déclaré aux enquêteurs.
Une victime choquée. Cette deuxième séquence n'a jamais existé, a pour sa part maintenu à la barre le trompettiste, lauréat de quatre Victoires de la Musique et d'un César de la Meilleure Musique de Film. "En aucun cas je n'ai eu d'attirance physique ou sexuelle" pour cette "adolescente", a-t-il assuré, se sentant cependant "coupable" de "ne pas avoir su mettre des limites". Les parents n'ont signalé les faits qu'un an plus tard, après qu'elle se soit confiée à un médecin. Elle avait commencé à se scarifier et à avoir des troubles alimentaires, et a depuis effectué plusieurs hospitalisations et thérapies.
"Il faut plus que de l'aplomb pour imputer ça à une jeune fille de 14 ans". "Comment voulez-vous qu'une jeune fille dont l'état de santé s'est objectivement dégradé, mente, pour rien, juste parce qu'elle aurait été vexée d'avoir été éconduite ?", s'est énervé le procureur dans ses réquisitions. Et s'adressant à Ibrahim Maalouf : "Il faut plus que de l'aplomb pour imputer ça à une jeune fille de 14 ans". Aucun doute pour lui, la jeune fille, qui voulait être trompettiste et avait reconnu être "fascinée", "amoureuse" du musicien, est "crédible". Il y a eu "surprise" et "contrainte", a-t-il estimé. Dans sa plaidoirie, l'avocate d'Ibrahim Maalouf, Maud Sobel, a elle parlé de "dépit amoureux" d'une jeune fille qui "aurait souhaité que cette transgression continue".
Le procureur a souligné la non-dangerosité d'Ibrahim Maalouf. Elle a plaidé la relaxe, estimant qu'il n'y avait pas d'éléments pour étayer sa culpabilité. "Je pensais que c'était quelque chose de génial qui m'arrivait", avait dit à la barre la jeune fille. "Je lui étais reconnaissante, j'avais l'impression qu'il m'accordait une importance démesurée, à mon âge, avec sa notoriété. J'ai mis du temps à réaliser que ce n'était pas normal". "Je sais que je dis la vérité", avait ajouté cette étudiante en lettres d'une voix timide mais ferme.
Dans ses réquisitions, le procureur a souligné la "non-dangerosité" d'Ibrahim Maalouf, et noté qu'il ne souhaitait pas requérir que ce dernier, qui enseigne la musique aux jeunes, ne puisse plus travailler avec des mineurs. "Il y a des moments où ça peut arriver, à chacun d'entre nous, de commettre des infractions", a-t-il dit.