Quelque 200 cheminots ont manifesté lundi à Paris à l'appel de SUD-Rail pour exiger le retrait de la réforme ferroviaire, peu avant que le projet de loi soit finalisé par une commission mixte paritaire réunissant sept sénateurs et sept députés.
Dans un concert de sifflets, chansons, slogans, pétards, et le brouillard de fumigènes, les manifestants ont défilé de l'Assemblée nationale jusqu'au Sénat derrière une banderole disant "Non à la casse du service public" et aux cris de "La vraie démocratie, elle est ici" ou "Tous ensemble, grève générale".
"Journée de la colère cheminote". En raison des risques d'orages, le meeting prévu devant le Sénat à l'issue de la manifestation a été annulé, et certains cheminots de province ont renoncé à leur déplacement, a expliqué Fabien Dumas (SUD-Rail). Mardi, jour de grève, "sera une journée importante", baptisée "journée de la colère cheminote" par l'intersyndicale CGT, Unsa, SUD et CFDT de la SNCF qui a appelé à une mobilisation massive, a-t-il rappelé.
"C'est très dur financièrement". Parmi les manifestants, Christophe Charrier, venu de Lyon, à la SNCF depuis 2000 et agent de maintenance pour les TER, a suivi tous les épisodes de deux jours de grève "depuis le début du conflit". Avec sa femme qui "travaille à 80% dans une crèche", il a dû "puiser dans les réserves". Mais il est "prêt à tenir le temps qu'il faudra", même si "c'est très très dur" financièrement. Le dossier qu'il a déposé pour obtenir une aide de la cagnotte lancée par des intellectuels sera un coup de pouce "plutôt symbolique", souligne ce cheminot "inquiet pour le service public, les petites lignes, la sécurité" et qui craint d'être transféré "dans une entreprise privée" après l'ouverture à la concurrence.
L'intersyndicale reçue vendredi par la ministre. Un texte de compromis a été trouvé lundi par la commission mixte paritaire. Le projet de loi de la réforme ferroviaire reviendra à l'Assemblée mercredi puis au Sénat jeudi pour un vote en deuxième lecture. Vendredi, la ministre des Transports, Élisabeth Borne, recevra l'intersyndicale et l'UTP (l'Union des transports publics et ferroviaires, patronat) lors d'une réunion tripartite consacrée à la future convention collective nationale de la branche ferroviaire.
Un début de négociation ? L'intersyndicale doit se réunir mercredi pour "déterminer une base commune" en vue de cette réunion tripartite, a précisé Fabien Dumas, regrettant que le gouvernement n'y assiste qu'en "observateur", comme indiqué vendredi par Elisabeth Borne. Les syndicats "voient cette réunion comme un début de négociation. Si la ministre la voit comme un rendez-vous ultime" et si elle reste "dans un coin à observer, j'ai bien peur que ça se passe très mal", a averti Fabien Dumas. L'intersyndicale devrait également évoquer les éventuelles suites du mouvement "cet été". "Le noyau dur des grévistes est encore gros, y compris chez les roulants", a relevé Fabien Dumas, accusant le gouvernement de "jouer le pourrissement" du conflit. "On ne se refuse pas d'appeler à la grève sur des dates en juillet et août", a prévenu Erik Meyer, porte-parole de SUD-Rail.