Édouard Philippe est "ouvert" à une reprise d'une partie de la lourde dette de la SNCF, mais avec des "contreparties" qui soient "extrêmement claires", a réaffirmé le Premier ministre jeudi matin sur France Inter. "Je suis ouvert à la discussion mais pas n'importe comment, pas à n'importe quel rythme, et en contrepartie d'engagements extrêmement clairs, extrêmement fermes, et qui transforment le fonctionnement opérationnel de l'entreprise", a déclaré le chef du gouvernement.
.@EPhilippePM : "Je ne veux pas prendre un engagement sur la dette alors que rien n'a changé dans le fonctionnement de la SNCF" #le79interpic.twitter.com/ZvNJRJfms6
— France Inter (@franceinter) 5 avril 2018
"Rien n'a changé dans le fonctionnement de la SNCF". "Cette question, elle est devant nous", a-t-il dit en évoquant la réunion prévue jeudi au ministère des Transports avec direction et syndicats, au lendemain des deux premiers jours de grève à la SNCF contre la réforme ferroviaire de l'exécutif Macron. "Je ne veux pas prendre un engagement alors même qu'à ce stade, rien n'a changé dans le fonctionnement de la SNCF (...) Je ne veux pas dire aux Français qu'(ils) vont payer cette dette et la reprendre alors qu'ils n'ont aucun élément leur permettant de penser qu'à l'avenir, on ne va pas tomber dans 3 milliards (d'euros) de déficit" supplémentaire chaque année, a justifié le Premier ministre.
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Quand l'exécutif pourra-t-il donner sa position sur la dette? C'est "trop tôt pour le dire (...) c'est une discussion qui est en cours", a affirmé Édouard Philippe. Mercredi, le rapporteur de la réforme Jean-Baptiste Djebarri (LREM) avait indiqué que le sort de la dette ferroviaire, qui a ressurgi lors des premiers débats en commission à l'Assemblée nationale, sera évoqué "dans les jours qui viennent", lorsque sera connu le nouveau statut juridique de la SNCF.
La reprise de la dette est réclamée par les syndicats. "La dette doit être reprise par l'Etat, il n'y a pas d'autre voie pour qu'on puisse repartir sainement dans cette entreprise", a déclaré jeudi le secrétaire général de la CFDT Laurent Berger sur RMC et BFMTV. De son côté, Philippe Martinez, patron de la CGT, a dénoncé sur Franceinfo le chantage du Premier ministre. "Il exerce un genre de chantage 'acceptez ce qu'on vous propose et on parlera de la dette après', c'est proprement scandaleux", a-t-il réagi, alors que les syndicats de cheminots doivent reprendre jeudi les négociations avec la ministre des Transports, Elisabeth Borne,
La charge de la dette avoisine un milliard d'euros par an. Le gestionnaire des infrastructures ferroviaires françaises, rebaptisé SNCF Réseau en 2015, a accumulé 47 milliards d'euros de dette. Une somme à laquelle il convient d'ajouter huit milliards d'endettement de SNCF Mobilités, entité du groupe public chargée de la circulation des trains. La charge de la dette, c'est-à-dire son remboursement et les intérêts annuels, avoisine un milliard d'euros par an. Ce passif financier, d'un niveau colossal, "menace d'engloutir le système", avait fait valoir le chef du gouvernement en lançant la réforme ferroviaire, qui prévoit notamment la fin du recrutement au statut des cheminots.