Benoît Quennedey, le haut fonctionnaire du Sénat soupçonné d'espionnage au profit de la Corée du Nord, clame son "innocence" et est "scandalisé" par le "battage médiatique" autour de sa personne, a affirmé vendredi son avocat. "Benoît Quennedey clame son innocence. Il dit qu'il n'a rien à se reprocher", a déclaré Me Florian Lastelle. Arrêté dimanche soir, ce haut fonctionnaire a été mis en examen jeudi pour "trahison" à l'issue de quatre jours de garde à vue dans les locaux de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI).
Il a été libéré sous contrôle judiciaire, avec notamment interdiction de quitter le territoire et d'exercer sa profession. La présidence du Sénat l'a par ailleurs suspendu de ses fonctions. "Benoît Quennedey est extrêmement ému et scandalisé du traitement médiatique qu'il a reçu ces derniers jours dans la mesure où il découvre l'atteinte qui a été portée à son honneur et à sa réputation", a précisé Me Lastelle, assurant réfléchir à des "procédures" pour protester contre de possibles violations du secret de l'enquête.
Un sénateur estime qu'il "a fait du lobbyisme actif". Selon le sénateur LREM André Gattolin, Benoît Quennedey, auteur de plusieurs ouvrages sur la péninsule coréenne, faisait "du lobbying actif" auprès des parlementaires. "Je n'accuse en aucune manière cette personne d'espionnage, l'enquête le dira", a déclaré vendredi André Gattolin. "Mais il a fait du lobbyisme actif", a-t-il affirmé. "Il l'a fait dans le cadre de ses fonctions, en instrumentalisant les moyens de sa fonction (...) et auprès de parlementaires".
"Cette personne invitait régulièrement des gens au restaurant du Sénat (...) Il faisait de l'entremise auprès des sénateurs qu'il connaissait, dans le cadre de ses fonctions. A l'intérieur du Sénat, dans ses horaires", témoigne-t-il. "Je me suis aperçu au long cours qu'il était connu comme le loup blanc. Personne ne le soupçonnait d'espionnage, mais tout le monde disait 'il est pro nord-coréen, etc'."