A nouveau inquiété pour sa gestion de Marseille pendant 25 ans, l'ex-maire de la ville Jean-Claude Gaudin (LR) a passé une dizaine d'heures en garde à vue mercredi dans le cadre d'une information judiciaire sur l'emploi de proches ayant dépassé l'âge de la retraite. La veille, les domiciles de l'ancien homme fort de Marseille, 81 ans, avaient été perquisitionnés dans cette affaire.
Un membre de l'entourage proche de l'ancien maire a également confirmé que ce dernier était sorti des locaux d'une caserne de gendarmerie de Marseille où il était entendu. Son fidèle lieutenant et ancien directeur de cabinet, Claude Bertrand, qui était également entendu par les gendarmes, est aussi ressorti.
Des maintiens en fonction "illégaux" au cabinet du maire
Le parquet national financier s'intéresse aux rémunérations versées par Jean-Claude Gaudin à ses plus proches collaborateurs, dont certains ont continué leur activité alors qu'ils avaient dépassé l'âge légal de la retraite. Une information judiciaire avait été ouverte le 11 juin 2019, sur les chefs principaux de détournement de fonds publics par une personne chargée d’une mission de service public, et de recel de ce délit. Dans un rapport au vitriol rendu fin 2019, la Chambre régionale des comptes avait épinglé la gestion de la ville par Jean-Claude Gaudin, des finances au personnel, en passant par l'immobilier.
La Chambre relevait notamment une "gestion des départs en retraite (...) pour le moins coûteuse" avec plusieurs maintiens en fonction estimés "illégaux" au cabinet du maire. Elle s'étonnait notamment que 11 personnes de plus de 69 ans - et majoritairement de 70 ans et plus - aient été maintenues en activité sur la période 2012-2017.
Un préjudice d'un million d'euros par an aux dépens du contribuable
La Chambre régionale relevait ainsi le cas de la doyenne du cabinet du maire, chargée des relations publiques et âgée de "plus de 77 ans fin 2018" ou d'une vacataire, décédée depuis, mais qui avait plus de 82 ans au moment de son départ, fin 2017. Le fidèle directeur de cabinet de Jean-Claude Gaudin, Claude Bertrand, salarié de la ville malgré ses 73 ans à l'époque, ou une autre membre de son cabinet, 71 ans, qui n'entrait "dans aucun cadre légal de dérogation", étaient également épinglés.
Pour les magistrats de la Chambre régionale des comptes, la ville violait "sciemment" les règles légales sur la retraite, entraînant ainsi un préjudice de plus d'un million d'euros par an aux dépens du contribuable. Le nouveau maire Benoît Payan (PS) a fustigé début février 2021 un héritage financier "catastrophique", en estimant que "l'argent public (avait) été gaspillé, jeté, bradé".