Des juges d'instruction, soupçonnant des faits de favoritisme, ont demandé à enquêter sur un contrat liant le groupe Havas et Business France, conclu au moment où la ministre du Travail Muriel Pénicaud dirigeait cette agence de promotion de l'économie française, rapporte le Canard enchaîné dans son édition de mercredi. Selon une source judiciaire, les éléments transmis par ces juges au parquet sont en cours d'analyse.
Pénicaud placée sous le statut de témoin assisté. Ces magistrats du pôle financier enquêtent déjà sur le déplacement controversé que Business France a organisé en 2016 pour Emmanuel Macron, alors ministre de l'Economie, à Las Vegas. Dans ce premier volet pour "favoritisme et recel de favoritisme" visant Business France, Muriel Pénicaud a été placée sous le statut intermédiaire de témoin assisté en mai.
Cette opération de plus de 300.000 euros avait été intégralement confiée au groupe de communication Havas, sans recourir à la mise en concurrence prévue par le code des marchés publics pour de telles sommes. Car, se défend le groupe, elle s'inscrivait justement dans le cadre du contrat liant les deux parties qui intéresse les juges.
Des mails entre Pénicaud et le vice-président de Havas. Au cours de leurs investigations, les magistrats ont découvert des échanges de courriels entre l'ancienne dirigeante de Business France et le vice-président de Havas, Stéphane Fouks, alors qu'elle avait affirmé au cours de son audition ne connaître personne au sein du groupe de communication, selon l'hebdomadaire.
Dans un de ces messages, envoyé le 3 juin 2015, la future ministre demande à Stéphane Fouks de l'appeler, en précisant que "c'est urgent", écrit le Canard enchaîné. L'hebdomadaire affirme que ce courriel a été envoyé à la veille de l'audition des candidats pour ce contrat, intitulé "Creative France". Mais, a contesté Havas mardi auprès de l'AFP, le contrat a été attribué le 2 juin et l'audition orale des candidats a eu lieu le 1er juin, avant donc ce message. Contacté par l'AFP mardi sur les informations du Canard enchaîné, le cabinet de Muriel Pénicaud n'a pas souhaité réagir.