Le député LR Eric Woerth a été entendu dans le cadre de l'enquête sur des soupçons de financement de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2007 par l'ancien régime libyen de Mouammar Kadhafi, a-t-il déclaré samedi à l'AFP.
Deux anciens collaborateurs en garde à vue. L'ancien trésorier de la campagne a indiqué, sans plus de précisions, avoir été entendu "par la police" il y a plusieurs semaines, confirmant une information de Mediapart, qui évoque une audition début mai par les enquêteurs de l'Office anticorruption de la police judiciaire (Oclciff). Sollicité, son avocat Me Jean-Yves Le Borgne n'a pas souhaité faire de commentaires. Par ailleurs, l'ancien bras droit d'Eric Woerth, Vincent Talvas, trésorier adjoint de la campagne de 2007, et une ex-collaboratrice du député, Manoëlle Martin, actuelle vice-présidente du conseil régional des Hauts-de-France, ont été placés en garde à vue dans le cadre de cette affaire, selon Mediapart qui ajoute que d'anciens employés du QG de campagne ont également été entendus.
La police s'intéresse à des primes en liquide. "Ces investigations cherchent à établir si des espèces ont été utilisées hors comptabilité lors de la campagne de 2007 et s'intéressent notamment à des primes en liquide qui auraient été versées à certains collaborateurs", a expliqué à l'AFP une source proche du dossier. Entendu en janvier par les policiers, le député européen Jérôme Lavrilleux, renvoyé en correctionnelle dans l'affaire Bygmalion, avait affirmé que d'importantes sommes d'argent en liquide avaient circulé pendant la campagne de 2007, selon cette source.
Dans l'enquête sur les soupçons de financement libyen, les juges s'intéressent à des flux financiers impliquant des protagonistes liés au régime de Kadhafi. D'anciens hauts responsables du régime et des témoins ont évoqué la thèse de versements, mais les magistrats n'ont pas la preuve que des fonds aient alimenté la campagne.
Rebond en novembre dernier. L'enquête a rebondi en novembre avec les déclarations fracassantes de l'homme d'affaires franco-libanais Ziad Takieddine : il avait affirmé à Mediapart avoir remis au camp Sarkozy, entre novembre 2006 et début 2007, trois valises contenant 5 millions d'euros en provenance du régime Kadhafi. Ces allégations ont valu à celui qui joua un rôle d'émissaire de la France en Libye une mise en examen le 7 décembre notamment pour complicité de corruption et complicité de détournements de fonds publics en Libye.
Les juges s'intéressent également à un virement de 500.000 euros perçu en mars 2008 par Claude Guéant, ex-secrétaire général de l'Élysée. Il s'agissait du fruit de la vente de deux tableaux, s'était-il défendu, sans convaincre les magistrats qui soupçonnent qu'il pourrait s'agir de fonds libyens et l'ont mis en examen pour blanchiment de fraude fiscale.