Les images de vidéosurveillance des violences autour du Stade de France lors de la finale de la Ligue des champions n'ont pas été conservées, a-t-on appris lors des auditions par le Sénat, jeudi. Ces images sont systématiquement détruites au bout de sept jours, sauf réquisition de la justice, a expliqué Erwan Le Prévost, le directeur des affaires institutionnelles de la Fédération française de football (FFF), dont une délégation était entendue au Sénat. La Cnil, l'autorité chargée de protéger les données personnelles, fixe aux opérateurs un délai maximal de conservation d'un mois.
Mais rien ne les force à les supprimer avant ce délai. Au Stade de France, le nettoyage des disques durs est automatique, comme l'a rappelé Erwan Le Prévost. "Les images sont disponibles pendant sept jours. Au bout de sept jours, elles sont automatiquement détruites et la seule façon, c'est qu'on aurait dû avoir une réquisition pour les fournir aux différentes populations", a-t-il assuré. Selon lui, c'était à la justice de venir récupérer ces images.
"Il faut qu'on comprenne ce qu'il s'est passé"
"C'est la loi", a précisé à l'AFP le président de la commission sénatoriale de la culture, Laurent Lafon. "Nous sommes surpris, le préfet a saisi la justice très rapidement, il y a eu largement le temps de saisir (ces images), il faut qu'on comprenne ce qui s'est passé." "L'information que nous avons obtenue (pendant l'audition, NDLR) sur les images vidéos nous interpelle", a ajouté le président de la commission des lois, François-Noël Buffet, qui co-présidait l'audition. "S'il advenait qu'elles n'ont pas été conservées, cela poserait un grave problème."
Pour le sénateur David Assouline, "des images très violentes existaient, et elles ont été effacées sept jours après les faits, pourquoi n'ont-elles pas été réquisitionnées ?", a-t-il demandé.
Retrouver les auteurs sur des images aurait été quasiment impossible
De son côté, une source judiciaire s'étonne que la FFF ne les ait pas elle-même sauvegardées et mises à disposition, si elles étaient si utiles. "On n'a pas d'enquête pour des faits de violence commis dans le stade ou aux abords immédiats", poursuit cette source. Quand bien même des supporters porterait plainte dans les jours à venir, retrouver les auteurs sur des images et dans une foule en mouvement aurait été quasiment impossible.
Reste que ce nouveau couac des images effacées du Stade de France renforce le sentiment des supporters de Liverpool, que les autorités françaises font tout pour minimiser, voire effacer leur responsabilité dans l'organisation de cette finale. Le maire de la métropole de Liverpool, Steve Rotheram, également auditionné après la délégation de la FFF, a dit qu'"(il) ne parven(ait) pas à comprendre pourquoi les vidéos ont été détruites".