Le vélo-cargo. 2:36
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Stéphane Place, édité par Manon Fossat
Plus écologique et plus pratique, le vélo-cargo revient fleurir les centres-villes après des années d'absence, à l'image de Bordeaux où de plus en plus d'artisans optent pour cette solution de transport. Un phénomène boosté par la crise sanitaire, et qui tend désormais à se développer sur tout le territoire.
REPORTAGE

Le monde change et on l’observe parfois tout simplement dans nos rues. Avec la diminution des places de stationnement et la multiplication des règles anti-pollution, la vie est dure pour les artisans qui se déplacent dans les grandes villes. C’est la raison pour laquelle ces derniers ont dû trouver des alternatives. Et le vélo-cargo en est l'exemple parfait. Ces triporteurs en version deux-roues font un retour en force et remplacent désormais les fourgons. C’est notamment le cas en Nouvelle-Aquitaine, où on en compte désormais plus de 150 dans Bordeaux, contre deux ou trois il y a quelques années. 

Un investissement de 6000 euros

Parmi eux, Jean-François Morlon, un plombier qui a laissé tomber la classique fourgonnette. Car avec sa bicyclette rouge à assistance électrique, dotée d’un grand coffre blanc, cet artisan peut facilement réaliser ses dépannages dans l’agglomération. "Un vélo comme ça, ça coûte à peu près 6000 euros. Par contre ensuite mon budget entretien se résume à une centaine d'euros par an et je fais une centaine de kilomètres par semaine", explique-t-il.

Au programme de la journée pour Jean-François, une fuite sur du cuivre et un mécanisme de chasse-d'eau à remplacer. Tout son matériel et tous ses outils sont donc prêts, déposés dans le vélo-cargo. "J'ai une caisse avec des petits robinets, des fixations, un peu de matériel électrique, un chalumeau...Et en fonction de mon planning, j'adapte par rapport à la capacité de chargement de mon vélo", explique l'artisan. En deux coups de pédales, sans être pris dans les embouteillages et sans souci de stationnement, Jean-François Morlon est au pied de l’immeuble de sa première cliente. 

Créer une fidélisation grâce aux services de proximité 

Lorsqu'il faut changer une grosse pièce, comme une chaudière, le plombier fait appel à une autre société qui assure elle-aussi la livraison par vélo-cargo. Car aujourd’hui le deux-roues est le choix d’entrepreneurs dans des secteurs très variés, comme l'explique Wiame Benyachou de l’association "Les boîtes à vélo", qui encourage l’entreprenariat à bicyclette partout en France. "La crise a boosté les entrepreneurs à adopter la solution vélo. Le contexte fait que l'on est plus dehors et que l'on tend aussi vers des solutions d'aide à domicile dans le secteur de l'artisanat, la restauration ou même des coiffeurs", estime la jeune femme.

Selon elle, ce développement du vélo est sans limite et permet également de créer une relation différente. "On est vraiment dans la construction du lien avec le client et il y a une fidélisation parce que l'on est sur une échelle beaucoup plus petite, à savoir un rayon de dix kilomètres par exemple. Donc les entrepreneurs à vélo sont repérés dans le quartier", poursuit Wiame Benyachou. 

Une filière économique qui se développe

L'association "Les boîtes à vélo" a même créé une formation gratuite pour les entrepreneurs, appelée "Ma cycloentreprise", qui leur permet d'être accompagnés, rassurés, et de choisir les bons outils. "Ça les aide à se développer plus sereinement", explique-t-elle encore. Mais des entrepreneurs qui choisissent le vélo pour travailler, c’est également toute une filière économique qu’il faut structurer, avec des emplois à la clé. La Région Nouvelle-Aquitaine a donc décidé d'encourager l’installation des fabricants de ces vélos à usages professionnels et la collectivité a également ouvert deux formations de mécaniciens - parce qu’il faut bien les entretenir - à Pau et à Pessac. Et elles affichent déjà complet.

Si historiquement ce choix du vélo-cargo est surtout fait par les artisans de villes comme Paris, Lyon, Grenoble, ou Nantes et Angers dans l'ouest, ce phénomène semble désormais s'étendre un peu partout en France. D'après l'association "Les boîtes à vélo", une dynamique intéressante est également observée à Lille ces derniers mois, tout comme à Montpellier ou à Toulouse, où la progression est plus que prometteuse.