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Aurélien Fleurot avec AFP // Crédit photo : ROBYN BECK / AFP
Alors que Stellantis doit faire face à des difficultés, Carlos Tavares ne compte pas changer de stratégie. Le constructeur a pris acte d'une "détérioration" globale du marché automobile, de difficultés particulières sur le marché américain et a revu à la baisse son objectif de marge opérationnelle pour 2024. 

Le patron de Stellantis Carlos Tavares reste droit dans ses bottes face aux difficultés que traverse le constructeur, soulignant jeudi lors d'une visite de l'usine de Sochaux que l'entreprise ne change pas de stratégie. Le groupe automobile aux quinze marques a pourtant annoncé fin septembre une nette révision à la baisse de son objectif de marge opérationnelle, estimée désormais pour l'année 2024 entre 5,5% et 7%, et non plus à "deux chiffres".

"L'entreprise n'est pas en difficulté au sens de sa survie, mais c'est un avertissement sérieux"

Après avoir enchaîné les trimestres record, Stellantis a pris finalement acte d'une "détérioration" globale du marché automobile et de difficultés particulières sur le marché américain, avec des stocks de véhicules trop importants. Le groupe fait également face au coûteux rappel de milliers de Citroën immobilisées pour cause d'airbags défaillants. "La stratégie d'entreprise a fait ses preuves", a martelé le directeur général de Stellantis, lors d'une conférence de presse à l'usine de Sochaux (Doubs). "L'entreprise n'est pas en difficulté au sens de sa survie mais c'est un avertissement sérieux", a-t-il souligné.

 

Par ailleurs, "ce n'est pas Stellantis qui est (en difficulté), isolé au milieu de l'industrie automobile (...), C'est Stellantis, Volkswagen, BMW, Mercedes, et ce n'est probablement pas fini", a souligné Carlos Tavares. En Europe, seul son concurrent direct Renault n'a pas encore révisé ses bénéfices à la baisse. Carlos Tavares a indiqué qu'il pourrait prendre sa retraite à la fin de son premier mandat en janvier 2026, mais les 15 mois de mandat qui lui restent à la tête du groupe sont "largement suffisants" pour redresser la barre, a-t-il souligné.

Aux États-Unis, Stellantis a déjà "significativement amélioré" sa situation, avec une part de marché en hausse en septembre sur ses marques américaines et un stock de véhicules en baisse de 50.000 unités au cours des trois derniers mois, a assuré Carlos Tavares. Le groupe a multiplié les promotions sur des modèles qui étaient considérés comme trop chers.

"Si nous faisons de gros efforts pour réduire nos coûts, c'est uniquement pour servir nos clients"

Le contexte dans l'industrie est "hyper brutal", selon le dirigeant : "Il est le résultat d'une réglementation et d'une ambition des constructeurs asiatiques, pour ne pas dire chinois comme nous le connaissons. (...) Et si vous commettez une petite faute opérationnelle, ça se voit tout de suite". Carlos Tavares était venu à Sochaux réaffirmer son engagement dans le tissu industriel français, aux côtés du nouveau ministre de l'Industrie, Marc Ferracci, et entouré des directeurs de toutes ses usines françaises.

 

Transformée par 220 millions d'euros d'investissement, l'usine historique de Peugeot est désormais largement automatisée : les pièces sont apportées par des robots, et les voitures en cours d'assemblage filent sans fracas, suspendues sur des balancelles. Le nouveau SUV 3008 produit à Sochaux a déjà reçu 70.000 commandes et est produit à 30% en version électrique. Le dirigeant, critiqué pour ses coupes dans les effectifs et sa chasse permanente aux coûts de production, a défendu âprement sa stratégie.

"Si nous faisons de gros efforts pour réduire nos coûts, c'est uniquement pour servir nos clients. Si nous ne le faisons pas, nous ne pourrons pas vendre des voitures électriques au prix du thermique", a-t-il lancé après une discussion avec le ministre de l'Industrie sur la pression mise sur ses fournisseurs. "Il est normal que tout le corps social de l'entreprise se mobilise pour réduire ses coûts. Le management de cette entreprise n'a pas peur d'être impopulaire", a-t-il souligné. "Nous exerçons cette demande d'exigence et de rigueur (...) de manière parfois pressante."

Ce que demande Carlos Tavares aux équipementiers est d'appliquer chez eux ce qui est fait chez Stellantis. "Il faut utiliser sa cervelle. Il ne s'agit pas de faire une réduction de coûts de manière idiote, il s'agit d'être astucieux dans la manière d'utiliser les ressources", a-t-il souligné.